Épilepsie : du sport contre les crises
En France, l'épilepsie touche près de 500.000 personnes. Cette maladie neurologique se manifeste le plus souvent par d'impressionnantes crises de convulsion. Aujourd'hui, les médecins recommandent aux malades de faire de l'exercice. Les bienfaits seraient multiples.
Laïla Ahddar a fait sa première crise d'épilepsie à l'âge de 16 ans. Elle était alors en plein combat de karaté. "Quand on m'a annoncé l'épilepsie, on m'a clairement répondu : « le sport en compétition, c'est fini ! ». Pour moi, cela a été un coup de massue. J'étais dans une section sport-étude. Tout ce qui me passionnait, m'animait pour avancer dans mes études, s'envolait."
Un projet de vie bouleversé
Pendant près de vingt ans, Laïla ne fait quasiment plus aucun exercice physique. Quand elle parvient à mieux maîtriser sa maladie grâce aux médicaments, elle décide de se remettre au sport. Mais la démarche n'est pas simple. "Aller seule vers un club, ce n'était pas possible pour moi. J'avais peur d'être jugée car l'épilepsie, ce sont aussi des troubles de la concentration, de la coordination…"
Il y a deux ans, elle opte pour des cours particuliers. Pour Nicolas Brunel, son coach, c'est une grande première car il n'avait jamais entraîné de personnes épileptiques. "C'était une maladie que je connaissais très peu. Je savais grosso modo que la maladie pouvait engendrer des crises, mais Laïla nous a rassurés." Malgré des séances intenses, elle n’a jamais dû s'arrêter à cause d'une crise.
Le sport réduit le risque de crises
L'activité physique déclenche dans le cerveau des processus qui réduisent le risque de survenue des crises d'épilepsie, ces sortes de courts-circuits au cœur des neurones. Le Dr Gilles Huberfeld, neurologue à l'Hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris, explique : "on sait que, par exemple, on augmente dans le cerveau les hormones qui font qu'on a cet espèce de bien-être de temps en temps au court de la pratique d'un sport et cela a probablement des effets anti-crise d'épilepsie. Il y a moins de crises, souvent elles sont moins sévères. Et chez certains patients, cela va améliorer des troubles qui vont accompagner l’épilepsie : des troubles anxieux, dépressifs, du sommeil…"
Pour Laïla, le sport lui a permis d'espacer, voire de faire disparaître les crises. Elle a même réussi à reprendre suffisamment confiance en elle pour se remettre au karaté. Au départ, la priorité était "vraiment de travailler la concentration pour pouvoir exécuter les gestes qui demandaient une certaine précision. Et les enchaînements, je n'arrivais pas à les coordonner ou même à m'en souvenir".
Grâce au karaté, elle a repris confiance en elle
Laïla s'entraîne deux à trois fois par semaines pour obtenir sa ceinture noire. Objectif largement atteint car elle participe même au championnat de France et obtient la troisième place. Laïla a remporté un autre succès, professionnel cette fois-ci : un poste à responsabilité qui l'a un peu éloignée des tatamis ces derniers mois. Prochain défi : décrocher son diplôme d'instructeur auprès de la fédération de karaté pour donner des cours au sein de l'association France Epilepsie.
Recommandations officielles de la Ligue internationale contre l'épilepsie (ILAE) en vue de la pratique du sport :
Sports du groupe 1 : pas de risque additionnel
- Athlétisme (sauf pour les sports énumérés dans le groupe 2)
- Bowling
- La plupart des sports de contact (judo, lutte, etc.)
- Sports collectifs sur le terrain (baseball, basket-ball, cricket, hockey sur gazon, football, rugby, volley-ball, etc.)
- Ski de fond
- Curling
- Danse
- Golf
- Sports de raquette (squash, tennis de table, tennis, etc.)
Sports du groupe 2 : risque modéré
- Ski alpin
- Tir à l'arc
- Athlétisme (saut à la perche)
- Biathlon, triathlon, pentathlon moderne
- Canoë-kayak
- Sports de contact collective impliquant potentiellement des blessures graves (par exemple, boxe, karaté, etc.)
- Vélo
- Escrime
- Gymnastique
- Equitation (par exemple dressage, concours complet, saut d'obstacles)
- Hockey sur glace
- Tir
- Skate board
- Patinage
- Snowboard
- Natation
- Ski nautique
- Musculation
Sports du groupe 3 : haut risque (et risque potentiel pour les témoins)
- Aviation
- Escalade
- Plongeon (plate-forme, tremplin)
- Les courses de chevaux en compétition
- Sports mécaniques
- Parachutisme (et sports similaires)
- Rodeo
- Plongée sous-marine
- Saut à ski
- Voile en solitaire
- Surf, planche à voile