Confinement : le coeur des femmes mis à mal par le stress
Le confinement et l’épidémie de coronavirus ont été propices au stress. Un danger pour la santé cardiaque des femmes, d’autant que le nombre de consultations à l’hôpital comme en ville a chuté.
Elles tuent chaque jour 200 femmes en France. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité féminine dans notre pays. Le tabac, la sédentarité ou encore une alimentation déséquilibrée figurent parmi les facteurs de risque de ces maladies chez la femme. A ces facteurs s’ajoute le stress, qui a mis le cœur des femmes à rude épreuve cette année pendant le confinement imposé par l’épidémie de coronavirus.
A l’occasion de la journée mondiale d’action pour la santé des femmes et de la création du fond de dotation Agir pour le cœur des femmes, la professeure Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et présidente de la Fédération Française de Cardiologie, a répondu aux questions du Magazine de la Santé.
- Avez-vous constaté une recrudescence d’infarctus chez les femmes pendant le confinement ou juste après, à la sortie du confinement ?
Pr Claire Mounier-Vehier : On a surtout observé que les femmes ne viennent plus à l’hôpital. Elles ne consultent plus non plus. Elles restent à la maison puisqu’elles sont en télétravail et elles s’occupent des enfants qui font l’école à la maison pour bon nombre d’entre eux. Elles ont cette charge mentale qui est un facteur de risque d’infarctus du myocarde chez elle. Donc, on ne voit plus les femmes.
Le message à leur faire passer aujourd’hui est "venez consulter, appelez le Samu si vous avez des symptômes". Car le risque est d’arriver en consultation dans un état trop sévère. Aujourd’hui, on voit peu de femmes arriver, mais quand elles arrivent c’est huit jours, 15 jours ou trois semaines après le début des symptômes. C’est beaucoup trop tard pour guérir une artère coronaire qui s’est bouchée.
- Quel est l’impact du stress sur le cœur et plus spécifiquement sur le cœur des femmes ?
Pr Claire Mounier-Vehier : Le stress est le troisième facteur de risque d’infarctus du myocarde. Mais aujourd’hui avec le confinement et cette période de grand stress, il passe en deuxième position, après le tabac qui, lui, recule chez les femmes.
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- Quels sont les signes particuliers de l’infarctus chez les femmes ?
Pr Claire Mounier-Vehier : Les symptômes sont particuliers car c’est une maladie particulière. Il s’agit essentiellement d’un essoufflement à l’effort, d’une gêne au creux de l’estomac, de douleurs dans le dos, d’une fatigabilité à l’effort et d’une angoisse. Ces symptômes sont souvent associés et surviennent en présence des facteurs de risque que sont le tabac et le stress.
Il est donc important de combattre ces facteurs de risque et c’est l’objectif principal du fond de dotation Agir pour le cœur des femmes.