La codéine, nouvelle drogue des adolescents
Les médicaments à base de codéine, dont certains sont en vente libre en pharmacie, sont de plus en plus détournés pour leurs effets euphorisants et apaisants. De quoi inquiéter l'Agence du médicament qui avaient déjà alerté en mars 2016 sur les risques du purple drank, un mélange à base de sirop codéiné. Depuis le début de l'année 2017, deux jeunes sont décédés d'une surdose de ces antidouleurs pris à des fins récréatives.
La codéine est un dérivé de l'opium utilisé dans certains médicaments contre la toux ou contre la douleur. Sous forme de comprimés ou de sirops, certaines substances codéinées sont vendues sans ordonnance en officines, entre 2 et 5 euros. Pour les adolescents, c'est une façon simple et économique de se droguer.
La codéine associée à des alcools forts
Pour augmenter l'effet euphorisant et de bien-être généré par la codéine, les jeunes consommateurs associent ces médicaments à des alcools forts. Des mélanges souvent dévastateurs pour l'organisme : "Avec l'alcool, la personne est plus vulnérable. Ce qu'elle peut supporter sans alcool, elle le supportera moins bien et l'accident surviendra plus rapidement avec des troubles cognitifs, des troubles de la mémoire jusqu'au coma et jusqu'à la dépression respiratoire qui consiste à avoir un rythme respiratoire qui diminue. Et l'accident, c'est l'arrêt cardio-respiratoire ou les complications d'un coma éthylique avec des prises de codéinés", explique le Dr Yves Edel, psychiatre.
Les adolescents n'ont pas forcément conscience de ces risques d'intoxication grave, voire de dépendance sur le long terme. Alors pour éviter des drames, certains pharmaciens déjouent les stratégies des jeunes en quête de codéine : "Ce sont les mêmes stratagèmes répétitifs, souligne Philippe Benfredj, pharmacien, ils sont donc très faciles à identifier. Ils veulent de la codéine pour leur père, pour leur mère… ou pour eux-mêmes car ils toussent. Et ils veulent ce produit et pas un autre. Les jeunes ne veulent aucune substitution, même si on peut leur enlever leurs symptômes".
Vers la fin de la vente libre ?
Le refus de vente est préconisé par l'ANSM. Depuis le début de l'année 2017, elle a reçu quatorze signalements d'abus de codéine chez des jeunes. Parmi eux, deux en sont morts et ces chiffres ne reflètent sans doute pas la réalité comme le confie Nathalie Richard, directrice adjointe du service Médicaments du système nerveux central à l'ANSM : "Il y a une sous-notification des cas déclarés à l'Agence du médicament. Et concernant la codéine, le nombre de cas est certainement sous estimé".
Face à l'ampleur du phénomène, le gendarme du médicament envisage d'interdire la vente libre de ces substances codéinées. Une piste défendue par la mère d'une victime dans une pétition lancée sur Internet. Pour cette femme, la prescription médicale est le meilleur moyen d'empêcher d'autres adolescents de mourir d'une overdose de codéine.