Règles : qu'est-ce que le trouble dysphorique menstruel ?
Vous êtes d'humeur dépressive, irritable voire colérique avant vos règles ? Vous souffrez peut-être d'un trouble dysphorique prémenstruel, une forme sévère du syndrome prémenstruel.
Le syndrome prémenstruel est un ensemble de symptômes physiques, psychologiques et comportementaux. Il survient régulièrement avant les règles, disparaît ou régresse pendant le reste du cycle.
Méconnu et mal diagnostiqué, le TDPM est reconnu comme un trouble psychiatrique depuis 2013 seulement. Il est référencé depuis 2019 dans les maladies gynécologiques.
Des symptômes psychologiques sévères
Si 20 à 40% des femmes ressentent une certaine gêne physique et/ou psychologique avant les règles, « dans 2 à 6% des cas suivant les études, il y a un TDP pouvant altérer leur vie sociale et leurs relations avec l'entourage » nous rapporte le Dr Tamborini. Cette fréquence pourrait être surestimée car c’est un chiffre évalué sur des interrogatoires rétrospectifs lors desquels on a tendance à rapporter les plus mauvais souvenirs.
Manifestation méconnue mais sévère du syndrome prémenstruel, le trouble dysphorique prémenstruel (TDP) provoque des symptômes psychologiques sévères. Avec en premier plan, au moins un des symptômes suivants : une humeur dépressive, une forte anxiété, une labilité émotionnelle marquée (« montagnes russes » émotionnelles), ou encore une irritabilité, une agressivité, des accès de colère pouvant entraîner des conflits.
Des symptômes semblables à ceux d'une dépression nerveuse
Attention, il ne faut pas confondre le TDP avec des modifications mineures de l'humeur en période prémenstruelle, comme peuvent le ressentir et subir de nombreuses femmes avec une légère irritabilité, une hypersensibilité, des crises de larmes. Et les manifestations du TDP ne sont pas mineures puisqu'elles sont comparables en sévérité, mais pas en durée, à ceux d'une dépression véritable !
D'autres symptômes peuvent s'y ajouter : tension nerveuse, difficulté à se concentrer, hypersomnie ou insomnie, modifications marquées de l'appétit avec hyperphagie ou envie impérieuse de certains aliments. Une diminution de l'intérêt pour les activités de la vie quotidienne n'est pas rare. Corollaire inévitable, l'impact est majeur sur les relations personnelles, familiales, sociales et/ou professionnelles avec des conflits parfois sévères...
"Les manifestations du syndrome prémenstruel et du TDP peuvent être exacerbées quand les cycles sont irréguliers et en périménopause, précise le gynécologue. De plus, elles surviennent habituellement dans un environnement conjugal, familial et socioprofessionnel peu compréhensif."
Quelle est l'origine du TDP ?
L'origine du TDP est mal connue et complexe, il pourrait s'expliquer par une vulnérabilité aux variations hormonales, avec une baisse de la concentration en sérotonine et une libération anormale de neurotransmetteurs.
Le Dr Tamborini rappelle que le syndrome prémenstruel sert d'amplificateur de certains troubles, notamment psychiques, comme la dépression.
Hygiène de vie et alimentation
"Il faut déjà rassurer les femmes en leur disant que ce n'est pas dans la tête ! s'exclame le gynécologue. Certaines règles d'hygiène de vie peuvent soulager les symptômes."
En premier lieu, adoptez un régime alimentaire sans sucres rapides et avec les glucides complexes (pâtes complètes, riz et pains complets). Evitez aussi le sel, l'alcool et le café. Une activité physique régulière est aussi recommandée, à pratiquer tout au long du cycle, parce qu'elle favorise la circulation sanguine et l'oxygénation des tissus.
No stress
Le stress est un facteur favorisant des symptômes : "même si ce n'est pas aisé, on peut essayer de limiter les astreintes et les difficultés pendant la période prémenstruelle, conseille le Dr Tamborini. A la maison, une femme ne devra pas se lancer dans des travaux pénibles à cette période et les réserver aux moments où elle se sent plus en forme.
Au cours de l'activité professionnelle, on peut essayer d'éviter les rendez-vous difficiles ou importants avant les règles et s'efforcer de ne pas rechercher alors les problèmes, la polémique ou l'affrontement. Il faut éviter aussi les sorties ou les invitations qui ne plaisent pas particulièrement afin de rester au calme chez soi." Autres conseils : vous ménager des périodes de repos au calme et faire attention à votre sommeil.
Votre partenaire sera un(e) bon allié(e) : une compréhension bienveillante est de mise ; il important de laisser sa partenaire en paix et de respectant son besoin de calme et de sommeil. Dans tous les cas, une psychothérapie peut vous apporter un soutien psychologique précieux...
Pilule et antidépresseurs
Le TDP conserve une partie de ses mystères mais la prise en charge atténue vraiment les symptômes du syndrome prémenstruel.
"Le traitement sert à limiter les fluctuations hormonales, explique le spécialiste. On peut donc prescrire en seconde partie de cycle un traitement progestatif, comme la dydrogestérone ou l’acétate de nomégestrol. On peut aussi prescrire une pilule contraceptive, en particulier une pilule contenant de la drospirénone".
Il est aussi possible d'enchaîner deux ou plusieurs plaquettes de pilules à la suite pour limiter la fréquence des menstruations. Mais, avec cette attitude thérapeutique, il peut survenir des spottings (petits saignements), ou des saignements plus importants.
"S'il y a des signes psychiatriques ou des idées noires, il est indispensable d'avoir l'avis d'un psychiatre et d'un suivi, estime le Dr Tamborini. Certains antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, ont un effet dans le trouble dysphorique prémenstruel." Dans cette indication, ils sont pris quotidiennement ou de façon cyclique au moment des symptômes.
Autre possibilité, une thérapie cognitive et comportementale est indispensable.
Source :
- Revue médicale suisse Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique