Première greffe d’utérus en France : toutes nos explications
Une femme de 34 ans née sans utérus a été greffée le 31 mars dernier à l’hôpital Foch à Suresnes. Sa donneuse était sa mère, âgée de 57 ans.
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Comment l'opération s'est-elle déroulée ?
Il a fallu plus de 14 heures d’intervention pour réaliser la greffe. Tout a commencé par le prélèvement de l’utérus, celui de la mère de la patiente. Pour une plus grande précision, l’intervention a été réalisée avec un robot chirurgical. « C’est surtout le prélèvement qui est important. Il est difficile car les vaisseaux utérins sont assez fins » explique Pr Jean-Marc Ayoubi – Gynécologue-Obstétricien – Hôpital Foch / Suresnes (92) qui a réalisé l’intervention.
Juste après son prélèvement, l’utérus a été greffé, relié aux vaisseaux de la receveuse, et positionné entre ses ovaires qui ne sont absolument pas touchés par l’anomalie. « A partir du moment où on replace l’utérus dans cet environnement normal, sur le plan hormonal et physiologique, l’utérus d’une femme ménopausée reprend sa fonction normalement et cyclique. Et naturellement elle a eu ses premières règles, il y a deux-trois jours » ajoute Pr Jean-Marc Ayoubi – Gynécologue-Obstétricien – Hôpital Foch / Suresnes (92).
Une excellente nouvelle pour la mère et la fille moins d’un mois après l’intervention. Leurs convalescences se déroulent bien. « Maintenant elles vont très bien. C’est surtout la receveuse qui est surveillée sur le plan immunologique pour vérifier qu’il n’y ait pas un début de rejet de l’utérus en question et apparemment ça fonctionne très bien. Mais il faut rester très prudent parce que c’est quand même assez long… Il ne faut pas crier victoire avant d’avoir la grossesse et l’accouchement » précise le Pr Jean-Marc Ayoubi.
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Plusieurs greffes déjà réalisées en Suède
L’espoir d’un succès s’appuie sur la collaboration étroite entre l’équipe du Pr Ayoubi et celle du Pr Mats Brännström, le premier chirurgien au monde à avoir réussi des greffes d’utérus dès 2011. Depuis des années, Français et Suédois ont partagé leurs expertises et leurs réflexions éthiques sur les enjeux de cette innovation. Une recherche déjà encouragée par plusieurs naissances comme celle de Douglas en 2015.
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« C’était un dilemme éthique. Parce qu’on ne connaissait ni les risques, ni les bénéfices. Il n’y avait pas qu’une seule vie en jeu. Il y avait celle de la donneuse, celle de la receveuse et aussi celle du futur enfant. Aujourd’hui nous savons que les risques sont faibles et les bénéfices énormes. Donc forcément c’est plus facile » évoque Pr Mats Brännström - Chirurgien Gynécologue – Université de Göteborg (Suède)
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Des bébés déjà nés grâce à cette technique
Les risques avaient été précisément expliqués à Lolita, née sans utérus, et à sa sœur qui lui a donné le sien. Elles ont toutes les deux passé toute une série de contrôles médicaux et psychologiques avant d’être parmi les premières à intégrer l’essai clinique suédois. « C’était naturel pour moi de donner mon utérus à Lolita. J’avais fait ma vie de mère, j’étais heureuse avec mes enfants. Je n’en avais plus besoin ! » se souvient Linda Wästerlund, la sœur de Lolita.
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Sa sœur, Lolita Wästerlund, aujourd’hui maman de Cash-Douglas, garde un triste souvenir de sa vie avant l’intervention… « C’était terrible, je ne me sentais pas femme, je me sentais monstrueuse… Nous avons pensé à l’adoption, mais j’ai toujours voulu avoir un bébé à moi. Et je voulais le porter, le sentir dans mon ventre.. » Avant la greffe, Lolita, comme la receveuse française, avait d’abord réalisé tout le parcours d’une PMA. Des ovocytes ont été prélevés dans ses ovaires… Et leur fécondation a permis l’obtention d’embryons. Il faut maintenant attendre 6 à 8 mois avant une implantation dans l’utérus greffé…