Coronavirus : des patients guéris par la chloroquine ?
Selon un essai clinique, des patients ont guéri du Covid-19 grâce à un traitement à l’hydroxychloroquine. Ces premiers résultats n’ont pas encore été publiés et cette molécule doit toujours être prise avec précaution.
Que penser de la chloroquine, cet antipaludéen qui aurait guéri 18 patients du Covid-19 à Marseille ? C’est ce qu’affirme le professeur Didier Raoult qui a encadré un essai clinique, et dont les résultats ont été présentés lors d’une assemblée générale de l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée Infection le 16 mars 2020.
Selon sa présentation, disponible en vidéo sur le site de l’IUH Méditerranée Infection, 24 patients ont reçu de l’hydroxychloroquine (Plaquenil), un analogue à la chloroquine (Nivaquine) à raison de 600 mg par jour. Ce médicament utilisé contre le paludisme dispose aussi de propriétés antivirales.
L’équipe du Pr Raoult a ensuite comparé l’état de santé de ces 24 patients avec des patients "témoins" à Nice et à Avignon qui n’ont pas reçu de traitement.
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75% de guérison avec l’hydroxychloroquine
Six jours après le début de l’essai clinique, 90% des patients de Nice et Avignon étaient encore porteurs du coronavirus, contre 25% des patients traités à l’hydroxychloroquine.
Autrement dit, 75% des patients traités à l’hydroxychloroquine – soit 18 personnes – étaient guéris, c’est-à-dire qu’ils ne portaient plus le virus, et ce en l’espace de six jours.
Associer hydroxychloroquine et antibiotique ?
Autre constat : chez certains patients, les chercheurs ont testé l’action d’une association entre l’hydroxychloroquine et un antibiotique, l’azithromycine. Pourquoi ce choix ? L’antibiotique permet d’éviter les complications bactériennes qui peuvent survenir lors d’une infection virale. Et, selon le professeur Raoult, il a été démontré que l’azithromycine, bien qu’antibiotique c'est-à-dire visant les bactéries, possède aussi une efficacité sur les virus.
L’équipe de Marseille a alors observé que le pourcentage de patients "guéris", c’est-à-dire qui n’étaient plus porteurs du virus, était encore plus bas pour l’association Plaquenil et azithromycine que pour les patients qui ont reçu du Plaquenil seul.
Effets secondaires et risque de surdosage
Toutes ces données ont été envoyées à une revue scientifique en vue d’une publication, affirme le professeur Raoult pendant son exposé. Elles sont donc en attente de validation par des pairs.
En parallèle, un autre essai clinique de bien plus grande ampleur et initié par l’Inserm est en cours. Il porte sur un total de 3.200 patients dont 800 Français et vise à tester l’efficacité de soins de réanimation et de plusieurs antiviraux sur le Covid-19… Mais sans inclure la chloroquine ni l’hydroxychloroquine.
Et pour cause : ces dernières possèdent plusieurs contre-indications et un risque d’effets secondaires sévères. Elles présentent notamment un risque d’intoxication aiguë en cas de surdosage et un risque de survenue de troubles cardiovasculaires. Elles sont par ailleurs déconseillées aux femmes enceintes mais aussi aux adultes - hommes et femmes – en âge de procréer et qui ont un projet de grossesse, en raison d’un risque de génotoxicité.
Jamais d’automédication
Ne prenez donc en aucun cas de la Nivaquine ou du Plaquenil que vous auriez en stock dans vos armoires à pharmacie. De manière générale, ne pratiquez pas d’automédication et demandez conseil à un médecin en cas de symptôme. En cas de fièvre, seul le paracétamol est conseillé, en respectant la dose limite de trois grammes par jour.
Enfin, attendons la validation et la publication des résultats du Pr Raoult dans une revue scientifique, puis les résultats de cet essai sur un plus grand nombre de patients que les 24 premiers testés pour évaluer plus finement l’efficacité de l'hydroxychloroquine sur le coronavirus.