Covid-19 : " C’est une maltraitance des animaux qui a conduit à cette situation "
Une tribune publiée dans Le Monde par des médecins et des universitaires dénonce le traitement des animaux par l’espèce humaine. Selon eux, le Covid-19 en est une conséquence du commerce d’animaux sauvages.
Un seul mot d’ordre : respect de la biodiversité. La tribune publiée par seize chercheurs dans Le Monde du 7 mai demande à repenser le traitement des animaux par les humains.
" Ce que l’on sait, c’est que la capture, le transport et la vente d’animaux sauvages vivants, entassés dans des cages dans des conditions insalubres […], favorisent le passage des virus entre espèces, humains compris ", y assurent les chercheurs.
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" Ce virus a presque été créé par l’homme "
A l’origine, ce coronavirus provient d’une chauve-souris. C’est en passant par un pangolin qu’il a été transmis à l’homme. " Le pangolin et le chauve-souris ne se croisent jamais normalement. C’est l’humain qui est responsable ", déplore Gilles Boeuf, professeur de biologie à Sorbonne Université, ancien président du Muséum national d’Histoire naturelle et co-signataire de la tribune.
Le scientifique espère que le monde retiendra les leçons de cette crise. " Il faut arrêter de vendre les animaux sauvages vivants et tous sur les mêmes marchés ", estime-t-il. Gille Boeuf regrette aussi le manque des vétérinaires parmi les scientifiques qui conseillent l’exécutif.
Une catastophe prévisible
" Cela fait 20 ans qu’on sait qu’une épidémie telle que celle-ci est possible ", soupire le biologiste.
" Quand on nous dit qu’on ne savait pas que cela arriverait, cela me met en colère. Les scientifiques en parlent depuis 2003 ! ", précise-t-il.
"Si on ne change rien, ça va se reproduire"
Un avis que partage Georges Salines, médecin de santé publique, lui aussi signataire de la tribune. " Une autre épidémie est possible si rien ne change ! Ne serait-ce que pour s’en tenir au coronavirus, on en est à trois épidémies ces dernières années. Il est certain qu’on a manqué de réactivité ", regrette-t-il.
" C’est une maltraitance du vivant non-humain qui a conduit à cette situation. Si on ne change rien, ça va se reproduire, et peut-être avec un virus beaucoup plus virulent ! C’est notre comportement qui favorise ce genre de pandémies. Il faut que les médecins se rendent compte qu’il n’y a pas que Homo Sapiens sur la terre ", exhorte Gilles Boeuf.
" Imaginez que le prochain virus s’attaque aux populations jeunes. Plus on appauvrit génétiquement les animaux d’élevage et les cultures par l’utilisation d'OGM, plus on va avoir ce genre de problèmes. Il faut garder un maximum de polymorphisme ", explique-t-il.