Les variants sud-africain et brésilien résistants aux vaccins Pfizer et Moderna?
Les variants sud-africain et brésilien échapperaient à la reconnaissance des anticorps des personnes qui ont reçu les vaccins Pfizer ou Moderna, selon une nouvelle étude. En cause : les mutations particulières de ces variants.
Les vaccins nous protégeront-ils contre les variants du coronavirus ? Des chercheurs du Massachussets General Hospital (MGH) de Boston (États-Unis) alertent sur un risque de plus faible efficacité des vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna) contre les variants. Ils publient leur étude dans la revue scientifique Cell le 12 mars 2021.
10 souches de coronavirus étudiées
Dans cette étude, les chercheurs ont comparé l'efficacité des anticorps induits par les vaccins à ARN messager contre la souche originale du coronavirus et contre les nouveaux variants.
Ils ont donc prélevé le sérum sanguin de 99 personnes ayant reçu une ou deux doses de vaccins Pfizer ou Moderna. Puis ils ont mis en contact ce sérum avec des pseudovirus représentant 10 souches de SARS-CoV-2 circulant dans le monde, dont les trois souches de variant sud-africain et les deux souches de variant brésilien.
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Le variant sud-africain 20 à 40 fois plus résistant
Résultat : les anticorps neutralisants induits par ces deux vaccins anti-covid semblent nettement moins efficaces contre les variants, en particulier contre le variant brésilien et le variant sud-africain.
En effet, les deux souches brésiliennes seraient cinq à sept fois plus résistantes aux anticorps que le virus original du SARS-CoV-2. Pire, les trois souches de variant sud-africain seraient quant à elle 20 à 40 fois plus résistantes aux anticorps.
Les mutations modifiant la protéine S en cause
En pratique, qu’est-ce que ça veut dire ? Lorsqu’une personne est vaccinée, son corps fabrique des anticorps dits neutralisants qui reconnaissent le virus et s’y attachent. Ils l’empêchent ainsi de s’accrocher aux cellules et donc de les infecter.
Mais si la forme du virus change à l’endroit où l’anticorps s’attache, dans ce cas au niveau de la protéine de surface du virus (la protéine S), l’anticorps ne le reconnaît pas et ne s’y lie pas. Le virus peut infecter les cellules : il est dit résistant aux anticorps.
C’est ce qui se passe pour les variants sud-africain et brésilien, chez qui quelques mutations modifient suffisamment la protéine S pour que les anticorps spécifiques à l’ancien coronavirus ne le reconnaissent pas.
D’autres mécanismes immunitaires en jeu
Mais les anticorps ne sont pas les seules armes du système immunitaire. Les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes B dont la durée de vie est très longue, jouent aussi un rôle important.
La résistance des variants ne signifie donc pas que les vaccins ne seront pas du tout efficaces, "seulement que la partie anticorps de la réponse immunitaire pourrait avoir du mal à reconnaître certains des nouveaux variants" rassure le docteur Alejandro Balazs, co-auteur de l’étude, dans un communiqué du MGH.
Vers des vaccins à plus large efficacité
Autre point rassurant : selon plusieurs études, les anticorps induits par les vaccins Pfizer et Moderna semblaient efficaces contre le variant britannique. Ce variant est actuellement majoritaire en France, puisque, selon les données de Covidtracker, il représente au 16 mars plus de 71% des contaminations.
Mais les mutations caractéristiques des variants brésilien et sud-africain pourraient apparaître dans d’autres variants, et compliquer les effets de la vaccination. D’autant que selon les auteurs de l’étude, "un nombre relativement faible de mutations peut permettre d'échapper aux réponses vaccinales".
Pour eux, même si "l'impact clinique de la résistance à la neutralisation reste incertain", ces résultats soulignent la nécessité de développer des "nouveaux vaccins capables d’induire des anticorps largement neutralisants" pour résoudre la pandémie en constante évolution.