Rupture d'anévrisme : un accident imprévisible

La rupture d'anévrisme est un accident redouté qui peut laisser de lourdes séquelles. Une fois sur deux, elle est mortelle. Une fois sur quatre, elle entraîne des troubles de la mémoire ou des paralysies. Comment en reconnaître les signes ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent l'anévrisme aortique
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent l'anévrisme aortique

Un anévrisme (ou anévrysme) est la dilatation localisée d'une artère. Elle peut prendre la forme d'une poche ou d’un élargissement anormal. Le plus souvent les anévrismes touchent les artères du cerveau : il s'agit alors d'un anévrisme cérébral. Ils peuvent aussi toucher l'aorte ou les parois du coeur. 

Qu'est-ce qu'une rupture d'anévrisme ?

Quand l'artère concernée se modifie, quand elle grossit brutalement, qu'elle se fissure ou qu'elle se rompt, c'est la rupture d'anévrisme, qui nécessite une prise en charge urgente. La rupture d'anévrisme cérébral se caractérise par des forts maux de tête et touche près de 5 000 personnes chaque année en France avant tout des femmes entre 40 et 50 ans. L'anévrisme de l'aorte quant à lui, concerne surtout des hommes de plus de 65 ans.

Focus sur l'anévrisme cérébral

Le cerveau est doté d'un réseau vasculaire extrêmement riche, car il doit recevoir 15 % du débit sanguin cardiaque. À lui seul, il a besoin de consommer environ 20 % des apports du corps en oxygène. Le cerveau reçoit le sang oxygéné en provenance des poumons, principalement grâce aux carotides, et il se débarrasse des déchets en les déversant dans les veines jugulaires. 

À l'intérieur du cerveau, il existe des connexions entre les différents vaisseaux pour créer des voies annexes. Ces courts-circuits permettent à la circulation sanguine de s'adapter rapidement aux besoins du cerveau. Lorsque la pression artérielle en dioxyde de carbone augmente, les petites artères se dilatent légèrement et le flux du sang dans le cerveau augmente afin d'éliminer l'excès de dioxyde de carbone.

Mais les vaisseaux ne sont pas à toutes épreuves. Leur paroi peut se fragiliser à certains endroits, se dilater et créer ces fameux anévrismes : de petites poches où le sang s'accumule. Les anévrismes cérébraux se localisent le plus souvent au niveau des bifurcations des vaisseaux sanguins, aux endroits où la pression sanguine est très élevée. C'est justement sous la pression du sang que l'anévrisme grossit de plus en plus et peut se rompre pour provoquer une hémorragie cérébrale. Le sang envahit alors une partie du cerveau. Ce qui va comprimer les structures adjacentes, autrement dit les cellules nerveuses. Le risque de rupture devient menaçant dès que l'anévrisme atteint un diamètre de sept millimètres.

Anticiper la rupture d'anévrisme

Quels sont les critères qui favorisent une intervention sur un anévrisme cérébral ?
Quels sont les critères qui favorisent une intervention sur un anévrisme cérébral ?

Lorsqu'un anévrisme est diagnostiqué, il existe deux possibilités : vivre avec, en espérant qu'il ne rompe jamais, ou opter pour une intervention. C'est le choix qu'a fait Valérie. Elle a rendez-vous avec son neuroradiologue avant l'intervention. Son anévrisme est situé sur l'artère carotide interne droite, un des vaisseaux principaux du cerveau, et mesure plus de six centimètres. À cause de sa localisation et de sa taille, cet anévrisme représente un risque vital pour Valérie. L'intervention vise donc à prévenir la rupture.

Le choix de l'intervention se fait en fonction du risque de l'histoire naturelle de l'anévrisme mais aussi des risques de l'opération. Ainsi, le risque d'avoir une complication neurologique, comme une paralysie d'un membre, après une telle intervention est d'environ 3 à 4 %.

Soigner le cerveau sans ouvrir le crâne

En passant par l’artère fémorale, il n’est plus nécessaire d’ouvrir la boîte crânienne.
En passant par l’artère fémorale, il n’est plus nécessaire d’ouvrir la boîte crânienne.

En cas de céphalées violentes, le médecin effectue d'abord un examen approfondi afin de rechercher si la rupture d'anévrisme a causé une hémorragie.

Ensuite, il effectue un scanner ou surtout une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) qui permet de détecter, dans 95 % des cas, la présence de sang dans le crâne, et une fois sur deux, de localiser la rupture d'anévrisme. Une artériographie est également souvent effectuée : cet examen permet de visualiser les artères du cerveau grâce à l'injection d'un produit de contraste.

Enfin, il faut traiter l'anévrisme. Aujourd'hui, les chirurgiens n'ouvrent plus le crâne : ils passent par les artères de la cuisse, par une incision au niveau de l'aine, et remontent jusqu'à celles du cerveau. Ils réalisent alors une embolisation de l'anévrisme, c'est-à-dire qu'ils bouchent l'anévrisme. Pour cela, ils utilisent généralement des "stents", sortes de petites spirales qu'ils déploient à l'intérieur.

Ce geste permet normalement de guérir puisque le risque d'une nouvelle rupture est quasi nul. Mais les patients sont néanmoins suivis régulièrement. Bien sûr, lorsqu'il leur reste des séquelles, différents types de rééducation permettent de les réduire.

Anévrisme : quand s'inquiéter ?

Il n'est pas possible de prévenir une rupture d'anévrisme cérébral car on ne peut pas faire un scanner à tout le monde pour savoir s'il y a présence ou non d'une malformation. D'autant que cela ne prouve en rien qu'elle se rompra un jour.

Les médecins peuvent cependant recommander de réduire certains facteurs de risque, comme le tabac ou l'hypertension. Puis, en cas de très fort mal de tête, une consultation s'impose pour prendre en charge à temps un anévrisme et éventuellement opérer.

En France, 5 000 personnes par an font un anévrisme cérébral. Cette anomalie peut avoir des conséquences extrêmement graves en cas de rupture. Lorsqu'ils se manifestent, les symptômes ne doivent pas être négligés. Pas plus que les précautions à prendre pour ne pas favoriser ces anévrismes. Les explications avec le Dr Michel Piotin, neuroradiologue à la Fondation Rothschild, à Paris.

  • Existe-t-il des signes qui ne trompent pas pour détecter un anévrisme cérébral ?

Dr Michel Piotin, neuroradiologue : "Tout dépend de l'état de cet anévrisme. S'il est non rompu, l'anévrisme peut très bien ne pas se manifester. Il est alors généralement découvert de façon fortuite, au gré d'une IRM ou d'un scanner pratiqué pour d'autres raisons. Une fois découvert, cet anévrisme doit être traité. Le patient doit consulter au plus vite un neurologue afin de déterminer la prise en charge adaptée."

  • En quoi cela diffère-t-il d'une situation de rupture de l'anévrisme ?

Dr Michel Piotin : "En cas de rupture, si la personne est encore vivante et n'est pas tombée dans le coma, les signes peuvent être très brutaux et rapides. Des maux de tête extrêmement violents comme on n'en a jamais vécu auparavant, peuvent s'accompagner de vomissements, et d'une nuque très raide."

  • Est-il indispensable d'appeler le Samu ?

Dr Michel Piotin : "Bien entendu, car il faut alors établir un diagnostic au plus vite. Attention néanmoins à ce que les symptômes que vous décrivez ne soient minimisés par votre interlocuteur. Car maux de tête et vomissements peuvent rapidement évoquer une indigestion, ou une gastro-entérite. Il faut être à l'écoute du patient et lui prescrire un scanner cérébral. Cet examen très simple permet de détecter l'hémorragie et de décider de la marche à suivre."

  • Quels facteurs peuvent favoriser ce type d'accident cérébral ?

Dr Michel Piotin : "Il faut savoir que les femmes sont une fois et demi plus touchées que les hommes. Les fumeurs, les personnes qui souffrent d'hypertension artérielle, ainsi que celles qui ont du cholestérol sont plus exposées que les autres au développement et à la rupture des anévrismes."

  • Quels conseils peut-on donner pour limiter autant que faire se peut les risques ?

Dr Michel Piotin : "Evidemment ne pas fumer, et de manière générale, respecter ses artères en surveillant son alimentation. Nous recommandons aussi un dépistage d'anévrisme cérébral lorsqu'il y a déjà eu deux cas d'hémorragie méningée dans la même famille. Car il existe un facteur génétique."

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