Mort subite de l'adulte : comment réagir ?
Pratiquer un massage cardiaque et utiliser un défibrillateur réduirait considérablement le nombre de décès par mort subite, affirment des chercheurs qui plaident pour une meilleure formation de la population.
4 à 5 millions. C'est le nombre de morts subites enregistrées dans le monde chaque année, malgré des avancées majeures en cardiologie.
C'est ce que révèlent plusieurs experts dans la revue scientifique The Lancet le 27 août, tout en affirmant que de nombreux décès pourraient être évités.
40 000 morts subites par an en France
Ce mode de décès est principalement la conséquence d'une maladie cardiaque, parfois méconnue, entraînant un emballement du cœur et un effondrement de la victime en arrêt cardiaque.
L'infarctus du myocarde (ou crise cardiaque) représente la cause de la mort subite dans environ trois quart des cas, mais des maladies cardiaques héréditaires sont fréquemment identifiées chez les victimes les plus jeunes, parfois un défaut "électrique" du cœur.
Au total, on recense environ 40 000 morts subites par an en France. Le taux de survie après arrêt cardiaque est d'environ 10%.
La mort subite "survient de façon inattendue, dans
l'heure qui suit les premiers symptômes", a expliqué à l'AFP Eloi Marijon,
professeur de cardiologie à l'université Paris-Cité et chercheur à l'Inserm,
qui a coordonné cet ensemble de spécialistes. "C'est typiquement la
personne qui se lève le matin en allant bien et s'effondre soudainement dans le
métro en se rendant au boulot", a-t-il illustré.
Massage cardiaque et défibrillateur
Alors que le nombre de ces décès reste globalement stable depuis des années, les chances de survie pourraient s'améliorer de façon très significative, indique la trentaine d'experts qui signent l'article du Lancet, dont l'objectif est de guider les communautés médicale et scientifique et les acteurs de santé publique.
Ainsi, les facteurs clés qui permettent une meilleure survie (une fois l'arrêt cardiaque survenu) sont simples et bien connus : le massage cardiaque immédiat par le témoin et l'usage d'un défibrillateur grand public avant l'arrivée des secours.
"Des études récentes démontrent qu'en cas de massage et défibrillation dans les minutes qui suivent l'événement, on peut atteindre plus de 80% de survie", a insisté Eloi Marijon rappelant qu'"on perd 10% de chance de survie à chaque minute qui s'écoule". "Il faut éduquer la population, installer des défibrillateurs dans tous les lieux publics", a-t-il plaidé.
L'objectif étant de réussir à réanimer progressivement "20 puis 30%" des personnes et diminuer ainsi le nombre total de morts subites.
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Autopsier pour mieux prédire
Mais ce n'est pas tout : il faudrait également améliorer notre capacité à prédire l'événement en utilisant un maximum de données jusqu'à présent négligées.
"La majorité des personnes décédées ne sont pas autopsiées. Or, si l'on veut mieux prédire, il faut mieux comprendre les mécanismes, donc être capable d'analyser davantage de données", a exposé Eloi Marijon.
Parmi les autres préconisations : prendre mieux en compte un certain nombre de séquelles neuro-psychologiques qui persistent après un arrêt cardiaque et identifier d'éventuelles maladies cardiaques héréditaires.