Parkinson : de la dopamine injectée directement dans le cerveau
Les équipes du CHU de Lille mènent actuellement un essai clinique inédit appelé DIVE. À base d'injections de dopamine dans le cerveau, ce traitement permettrait de diminuer les médicaments conventionnels et de limiter les effets indésirables.
À 57 ans, Eric Feurtet souffre de la maladie de Parkinson. Depuis 10 ans, ses journées sont ponctuées par les médicaments : de la dopamine par voie orale pour soulager ses douleurs et raideurs. "Mes traitements aident à diffuser la dopamine parce qu’elle est solide. Je dois prendre ces médicament 7 à 8 fois par jour", explique-t-il.
Ces derniers mois, ses traitements sont devenus de moins en moins efficaces. "J’étais dans un état de crise de dyskinésie tel que si on m’avait dit "on va vous couper la jambe pour aller mieux", je l’aurais fait, je n'en pouvais plus. Quand on a Parkinson, on a des douleurs tout le temps qui sont gérables, mais parfois, il y a des pics de souffrance", confie Éric Feurtet.
Soulager les symptômes de la maladie
Son neurologue lui a proposé de participer à un protocole de recherche qui consiste à injecter de la dopamine directement dans le cerveau. L’hypothèse : soulager de manière plus efficace les symptômes. Et c'est une réussite pour Éric Feurtet. Après un mois de pause, il retourne à l'hôpital pour recevoir une nouvelle injection. "Dès que la dopamine a été retirée, j’ai été mal tout de suite, c’est-à-dire mal comme avant avec beaucoup de dyskinésies, beaucoup de douleurs et d’effets secondaires", témoigne Éric.
Ces troubles trouvent leur origine dans deux zones spécifiques du cerveau situées en haut du tronc cérébral : la substance noire et le striatum. Ces zones communiquent grâce à un réseau de neurones qui échangent des informations via un messager chimique, la dopamine. Celle-ci régule l’activité des neurones qui contrôlent les muscles et les mouvements.
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De la dopamine injectée selon les besoins
"La substance noire qui est normalement remplie de neurones dopaminergiques est une région qui dégénère dans la maladie de Parkinson et qui cause un manque de dopamine dans le striatum. L'idée est d’administrer, par un fin cathéter, dans une petite poche d’eau juste à côté, la dopamine par goutte-à-goutte directement dans le striatum", explique le Pr David Devos, neurologue-pharmacologue au CHU de Lille. Selon lui, cet ajout de dopamine améliore plus de 50 % des symptômes.
Le cathéter est relié à une pompe placée au niveau de l’abdomen. Cette dernière va servir à injecter la dopamine. Exposée à l’air, la molécule s’oxyde et perd son efficacité. Pour éviter tout risque de dégradation, elle est injectée sans oxygène.
La pompe est ensuite programmée pour diffuser la dopamine en fonction des besoins d’Éric Feurtet pendant une semaine, au bout de laquelle il devrait ressentir les premiers bénéfices. Actuellement, seuls 5 patients participent à ce protocole.