Peut-on mourir d’une overdose de gaz hilarant ?
Le gaz hilarant, de son vrai nom protoxyde d’azote, est de plus en plus utilisé comme drogue récréative. Mais la consommation de ce produit comporte des risques parfois même mortels.
Quelques inhalations, et un fou rire surgit. Telle est la promesse du protoxyde d’azote ou "gaz hilarant". Ce produit est particulièrement apprécié des adolescents et des jeunes adultes qui l'utilisent en soirée pour son effet euphorisant. “On le présente souvent de manière légère et banalisée, alors qu’il est très dangereux pour la santé” alerte cependant la Docteure Magali Oliva-Labadie, médecin toxicologue et responsable du Centre Anti-Poison de Bordeaux.
Une drogue récréative
À l’origine, le protoxyde d’azote est utilisé en cuisine et dans le secteur agroalimentaire sous forme de bonbonnes et de cartouches de gaz liquéfié. Ces dernières sont indispensables au fonctionnement de certains appareils notamment les siphons à chantilly. Cartouches et bonbonnes sont disponibles dans les commerces de proximité (épiceries, supermarchés) ou sur internet.
Mais depuis quelques années, ce gaz est détourné de son usage premier et employé comme drogue récréative. En effet, une fois inhalé, le protoxyde d’azote produit un effet euphorisant - d’où son surnom de gaz hilarant - et offre une sensation de flottement.
Des consommations importantes et régulières
Le protoxyde d’azote est aussi utilisé dans le milieu médical, où il sert d’anesthésiant et permet de “diminuer la douleur sans induire un état d'inconscience” selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).
“Mais le cadre reste très contrôlé, avec des durées d’utilisation très courtes” nuance la Dre Oliva-Labadie. “Ce n’est pas le cas des gens qui le consomment pour le plaisir”. En effet, les personnes qui utilisent ce gaz comme drogue récréative l'absorbent souvent en grandes quantités et de manière régulière, ce qui amplifie les dangers. De plus, le gaz utilisé dans le domaine médical est mélangé avec de l’oxygène, ce qui atténue ses effets délétères. Contrairement au protoxyde d’azote trouvé dans le commerce qui, lui, est pur.
À lire aussi : Le protoxyde d'azote affecte (aussi) la fertilité des femmes
Quels risques pour la santé ?
L’absorption de gaz hilarant peut provoquer “l’asphyxie par manque d’oxygène” décrit la Dre Oliva-Labadie. Une consommation excessive peut aussi induire une perte de connaissance, une brûlure causée par le froid du gaz expulsé, une désorientation, des vertiges ou encore des chutes.
Sur le long terme, cela peut entraîner des “atteintes neurologiques de la moelle épinière, notamment la sclérose combinée de la moelle ou des troubles de la marche” avertit la Dre Oliva-Labadie. “Il existe des cas graves conduisant à des paralysies qui se guérissent difficilement, voire ne sont pas récupérables”.
Un risque de décès "rare mais pas impossible"
Ce gaz n’est donc “pas du tout aussi banal qu’il n’y paraît” insiste la médecin toxicologue, qui dénonce la normalisation de ce produit. Cette pratique est pourtant en augmentation, et le nombre de cas de complications sanitaires graves associées à un usage non médical du protoxyde d’azote a été multiplié par 10 depuis 2019, selon un communiqué de l’Association Française des Centres d'Addictovigilance publié en 2022.
La même année, un jeune homme de 22 ans est décédé à Vitry-sur-Seine d’un arrêt cardio-respiratoire causé par une inhalation à ce protoxyde d’azote. Des cas allant jusqu’à la mort sont “très rares, mais pas impossible” met enfin en garde la spécialiste.