Pourquoi la nouvelle campagne de santé publique contre l’alcool pose problème

Une nouvelle campagne de santé publique a été lancée cette semaine à destination des jeunes. Mais celle-ci est très fortement critiquée, car elle semble banaliser la consommation d’alcool. On vous explique.

Alexis Llanos avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
La campagne de prévention sur l'alcool fait plouf
La campagne de prévention sur l'alcool fait plouf  —  Le Mag de la Santé - France 5


Cette semaine, des affiches, des clips et des spots radios ont été postés par l’agence Santé publique France. Cette nouvelle campagne de santé publique vise, selon son communiqué de présentation, à "sensibiliser les jeunes aux risques de consommation de l'alcool et des drogues". Elle recommande d'adopter plusieurs comportements pour réduire les risques liés à la consommation d'alcool : boire de l'eau entre chaque verre pour minimiser les effets, éviter d'encourager à boire quelqu'un qui ne le désire pas, raccompagner des amis qui ont trop bu… Mais une partie du monde médicale dénonce cette campagne.

Banalisation de l’association entre alcool et fête

Sur le fond et la forme, cette campagne a suscité les critiques de plusieurs médecins qui y voient une forme de banalisation de la consommation d'alcool, notamment car il n'est pas fait mention des risques pour la santé.

"Alcool et fête semblent faits l'un pour l'autre dans cette campagne", a ainsi jugé sur X - nouveau nom du réseau Twitter - le pneumologue François Vincent, tandis que le généraliste Bernard Jomier, également sénateur écologiste (apparenté PS), a dénoncé "du jamais vu" dans une campagne qui "ne contient aucun message de réduction de consommation" et jugé que "les alcooliers peuvent être tranquilles".

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Le ministère de la Santé se défend

Interrogé par l'AFP, le ministère de la Santé a défendu un choix stratégique : encourager les jeunes à éviter les risques, plutôt que les inciter de manière illusoire à l'abstinence. "La réalité est là", a déclaré un responsable du ministère, citant des chiffres de santé publique selon lesquels quatre cinquièmes des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l'alcool.

Santé publique France a défendu cette stratégie en rappelant qu'elle évaluait régulièrement la manière dont les messages de santé publique sont reçus par les jeunes. "On s'appuie sur nos données d'observation: c'est parce que cette stratégie de réduction des risques fonctionne bien qu'on a voulu la poursuivre", a déclaré à l'AFP Viêt Nguyen Thanh, responsable de l'unité dédiée aux addictions au sein de l'agence. 

D’autres campagnes touchées par la polémique

Lundi 25 septembre, lors du lancement de la campagne, le ministre Aurélien Rousseau avait déjà dit assumer de "définir des priorités et choisir des messages" tout en affichant sa "détermination" à lutter contre l'alcoolisme. Car cette polémique intervient après de précédentes critiques visant le ministère pour avoir retoqué ces derniers mois deux projets de campagnes anti-alcool, dont une autour de la Coupe du monde de rugby.

Selon Radio France, qui a révélé l'information début septembre, ces décisions seraient liées à des pressions du cabinet d'Emmanuel Macron, lui-même confronté au mécontentement de la filière viticole. Le ministère de la Santé n'avait nullement confirmé, évoquant une révision des "priorités" face au "nombre important" de campagnes de santé publique actuellement menées.

Depuis quand ne boit-on plus d'alcool à l'école ?
Depuis quand ne boit-on plus d'alcool à l'école ?  —  Le Mag de la Santé - France 5