Pourquoi la pénurie de dentistes pourrait (encore) s'aggraver en France
Dans plusieurs villes de France, il est de plus en plus difficile de se faire soigner rapidement les dents. En cause : les nombreux départs en retraite des dentistes, souvent non remplacés. Reportage à Saint-Dié, dans les Vosges.
Saint-Dié est une sous-préfecture nichée au creux du massif vosgien. Les paysages sont reposants, mais c'est un désert médical inquiétant. Ici, les habitants n’ont pas intérêt à avoir une rage de dents.
Des délais très longs en cas d'urgence, des dentistes qui ont trop de patients pour pouvoir en accepter de nouveaux... Pour leurs soins dentaires, certains patients se retrouvent dans l’obligation de se rendre à l'institut dentaire de la faculté de dentaire de Nancy, à une heure de route.
Aucun remplaçant après un départ à la retraite
La situation ne risque pas de s’arranger, car l’un des huit dentistes de la commune va partir à la retraite et pour le moment, il n’a pas trouvé de repreneur pour lui racheter son cabinet."Ça fait maintenant plus de deux ans que nous sommes à la recherche d'un successeur. Il ne se passe vraiment strictement rien, y compris pour des remplacements ou une simple collaboration. C'est vraiment morne plaine", explique Jean-Luc Berruet, chirurgien-dentiste.
"J'ose imaginer que c'est quand même d'un point de vue technique, séduisant une plateforme où il y a juste à prendre la clé et à entrer dans le cabinet pour travailler. Il y a tout ce qu'il faut pour bien travailler", poursuit-il.
Un dentiste pour 1 471 Français
Malgré un cabinet flambant neuf, il n'y a eu que trois visites en deux ans. C'est une angoisse pour le praticien qui espère pouvoir partir à la retraite la conscience tranquille.
"Si j'ai un successeur, ça me permettra de le présenter à mes patients. Et puis je pense que pour eux ça sera réconfortant, ils seront rassurés par le fait d'avoir quelqu'un que je leur aurais présenté, en qui j'aurais confiance", confie Jean-Luc Berruet.
Depuis les années 90, les jeunes dentistes ne sont pas assez nombreux pour prendre la relève de ceux qui partent à la retraite. Sur le territoire national, il y a environ un dentiste pour 1 471 habitants. Dans les Vosges, ce chiffre passe même à 1 754.
Faciliter l'installation des professionnels
Même s’il n'y est pas tenu, le conseil départemental prend le problème à bras-le-corps, jusqu’à dérouler le tapis rouge dès qu'un dentiste pose le pied sur le territoire. "Lorsqu'on a un dentiste qui veut s'installer, on va l'aider à tout ce qu'il peut nous demander, ça peut être trouver un logement, une crèche, tout ce qui va faire en sorte que le professionnel de santé et le dentiste en particulier ait envie de s'installer et que son installation soit facilitée", commente Olivier Ramond, adjoint au conseil départemental des Vosges.
Une étude est en cours pour évaluer l'efficacité de ces efforts. Le soulagement viendra peut-être de la levée du numerus closus. Rendez-vous dans 10 ans pour le savoir. Mais d'ici là, il faudra serrer les dents.