Protections hygiéniques : que contiennent-elles vraiment ?
À partir de 2023, les fabricants auront pour obligation d'indiquer la liste des composants des protections hygiéniques. Une victoire pour les associations de consommateurs qui dénoncent depuis de nombreuses années ce manque de transparence.
Serviettes hygiéniques, tampons… une femme en utilise plus de 10 000 en moyenne, dans sa vie. Les protections hygiéniques sont indispensables mais leurs utilisatrices ne savent pas vraiment ce qu’elles contiennent.
Si la composition des protections hygiéniques reste assez mystérieuse, c’est parce que les marques n’ont pour l’instant aucune obligation de l’indiquer sur l’emballage.
La liste des composants est assez courte et il s'y retrouve souvent des termes génériques tels que gel absorbant, parfum, fibres synthétiques...
Un manque de transparence sur l'emballage
Le magazine 60 Millions de consommateurs a analysé les étiquettes d’une quinzaine de références.
"On est un petit peu étonné, le voile doux est en fibres synthétiques, mais, lesquelles, on ne sait pas. Il y a de la cellulose, des perles de gel absorbant, pour d’autres ce sont des microbilles absorbantes, on ne sait pas vraiment ce que c’est. Ils affichent quelque chose, on a l’impression qu’ils donnent une information, mais c’est très peu précis, ce n'est que de la poudre aux yeux", commente Adélaïde Robert-Géraudel, journaliste à 60 Millions de Consommateurs.
C'est un manque de transparence qui pourrait avoir des conséquences sur la santé des consommatrices. Cette gynécologue met en garde contre la nocivité de certaines substances, comme les parfums ou les agents blanchissants.
"Tous les produits irritants ou très parfumés qui se surajoutent aux protections de base, peuvent entraîner une irritation par les frottements et directement par le contact de la muqueuse avec ces produits. Plus on va avoir quelque chose d’épais, plus les femmes auront tendance à garder leurs protections longtemps, et plus elles auront des irritations, et des complications notamment infectieuses", explique le Dr Estelle Wafo, gynécologue obstétricien au grand hôpital de l'est francilien.
Un Hygiène-Score sur le modèle du Nutri-Score
Dès 2023, les fabricants seront contraints d’être plus clairs sur la composition de leurs produits. L’association Règles Elementaires a été consultée pour dessiner les contours du décret. Pour la directrice, le texte devra être très transparent.
"Quand on dit liste de composants, on entend l’intégralité de ce qui compose une protection hygiénique et pas que ce qui a été ajouté par le fabricant. Les protections sont pour partie fabriquées en coton, avec la filière du coton, et il y a des produits potentiellement toxiques nocifs qui viennent de cette filière-là. Les protections qui doivent être mises sur le marché doivent être transparentes au sens large", précise Maud Leblon, directrice de l'association Règles Élémentaires.
L’association voudrait aussi proposer un Hygiène-Score, sur le modèle du Nutri-Score alimentaire. Ce serait un moyen pour les utilisatrices de connaître rapidement la qualité de leurs protections hygiéniques.