La mère d'Alain Bernard victime du "chirurgien de Gap"
Comme une centaine d'autres patients, Eliane Bernard a été opérée à Gap avec une technique considérée comme expérimentale : la cimentoplastie discale. Depuis, elle vit avec des douleurs quotidiennes.
En 2017, un chirurgien de Gap opère Eliane Bernard pour la soulager d'une hernie discale. Pour cela, il utilise une technique nouvelle : la cimentoplastie discale. En France, la méthode classique de la cimentoplastie est bien connue, elle est utilisée dans les vertèbres depuis les années 80.
Une technique expérimentale non validée
"Le but de la cimentoplastie vertébrale, c’est de mettre du ciment dans une vertèbre cassée pour réduire rapidement les douleurs, pour prévenir la perte de hauteur de la vertèbre et éventuellement pour protéger une vertèbre qui risque de fracturer parce qu’elle a une lésion", explique le Dr Julien Cohen-Solal, rhumatologue.
Cette technique est récente et pratiquée par très peu d'équipes. "C’est quelque chose de totalement expérimental. Il faut que ça soit évalué, que la personne soit informée du caractère innovant de la technique, de l’absence de recul par rapport à cette technique et accepte de participer à l’évaluation de cette technique, c’est ce qu’on appelle un protocole", précise le Julien Cohen-Solal.
Sans protocole, la technique n’est pour le moment pas reconnue. Interrogée, la Société Française de Chirurgie du Rachis a estimé “qu'en l'état actuel des connaissances, la technique devait être considérée comme non validée en France.”
Un collectif d'une centaine de victimes
Suite à sa cimentoplastie discale, Eliane Bernard a connu des complications. Elle a dû être opérée à nouveau pour retirer une fuite de ciment qui comprimait un nerf mais ses douleurs persistent. "Je me dis quand même ce chirurgien il a tapé fort, apparemment je ne suis pas la seule, on est une centaine de personnes dans mon cas et il y en a qui sont sur des fauteuils roulants, bon je ne me plains pas hein, je supporte".
Avec une dizaine d’autres patients, Eliane et sa fille ont décidé de constituer un collectif et d’attaquer le chirurgien en justice. Elles lui reprochent de ne pas les avoir informées du caractère expérimental et des risques de l’opération.
Une expertise judiciaire est en cours afin d’évaluer la légalité de la technique. Le chirurgien a pour le moment été suspendu de ses fonctions.