Télétravail : travailler plus sans davantage de satisfaction
Les cadres qui pratiquent le télétravail au moins un jour par semaine travaillent plus longtemps que les autres. Si le télétravail offre certains avantages pratiques, les salariés qui le pratiquent ne sont "ni plus ni moins satisfaits" de leur travail.
Télétravailler, bonne ou mauvaise idée ? La Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques (Dares) s’est penchée sur la question. Son étude, publiée le 4 novembre par la direction des statistiques du ministère du Travail révèle tout d’abord que le télétravail concerne principalement les cadres. Ils étaient en effet 11% à opter pour le télétravail au moins un jour par semaine en 2017, contre 3% de l’ensemble des salariés.
Et la pratique "intensive" de ce mode de travail, c'est-à-dire télétravailler "au moins deux jours par semaine", concernait 5,2% des cadres.
Des horaires "longs et atypiques"
Si les télétravailleurs bénéficient de davantage de souplesse dans leur travail et d'une baisse de leur temps de trajet, ils ont "tendance à pratiquer des horaires de travail plus longs et atypiques" lorsqu'ils sont en télétravail, souligne la Dares. Et ils ne sont "ni plus ni moins satisfaits de leur travail que les autres cadres", ajoute-t-elle.
Ainsi, les cadres adeptes du télétravail "un jour par semaine" ou "intensif" travaillaient en moyenne 43 heures par semaine en 2017, contre 42,4 heures pour les cadres non-télétravailleurs, selon l'étude.
Un risque de désynchronisation
Les télétravailleurs "intensifs" déclarent même "deux fois plus souvent travailler plus de 50 heures par semaine".
Les horaires de ces télétravailleurs "intensifs" sont "moins prévisibles" et "plus atypiques", avec des tâches effectuées "après 20H ou le samedi", note la Dares. Ils "risquent donc" d'être "désynchronisés par rapport à leurs collègues ou collaborateurs", un risque qui "semble néanmoins atténué lorsque le télétravail a été mis en place dans le cadre d'un accord collectif ou individuel plutôt qu'en l'absence d'accord".
Pas plus d'autonomie
En termes d'organisation, les cadres télétravailleurs "intensifs" disent "plus souvent" que les non-télétravailleurs "pouvoir s'interrompre momentanément quand ils le souhaitent". Mais ils ne connaissent pas "une plus grande autonomie opérationnelle, par exemple pour organiser et exécuter le travail, les délais ou résoudre des incidents", d'après l'étude.
Au sein de leur "collectif de travail", les cadres télétravailleurs "intensifs" se disent "moins souvent aidés" que les autres "par leur hiérarchie et leurs collègues". Mais "la convivialité" avec les collègues "ne semble pas affectée".
Les télétravailleurs sont "en moins bonne santé"
Les cadres télétravailleurs "réguliers" (au moins un jour par semaine) ou "intensifs" sont "en moins bonne santé" que les autres cadres, selon l'étude. Ainsi, 10% de ces télétravailleurs sont "en situation de handicap, contre 5% chez les non‑télétravailleurs", précise la Dares. Une cause du télétravail plutôt qu’une conséquence dans ce cas particulier.
Dans le secteur privé non agricole, "15,5% des établissements de plus de 10 salariés ont mis en place le télétravail", indique la Dares. Un quart des télétravailleurs de ces établissements sont couverts par un accord collectif d'entreprise, "plus d'un sur cinq par un accord individuel entre le salarié et sa hiérarchie", tandis que "plus de la moitié pratiquent le télétravail en dehors de toute formalisation".