Les sages-femmes en grève réclament reconnaissance
Des centaines de sages-femmes ont manifesté hier pour alerter sur leurs conditions de travail. Elles réclament une revalorisation de leur profession et davantage d’effectifs, à la hauteur des responsabilités qui leur sont confiées.
"Faut pas pousser", "Ras le col", "Métier formidable, statut fort minable", "On vous a fait naître, il faut nous reconnaître". Les messages étaient nombreux sur les pancartes des centaines de sages-femmes qui manifestaient ce 5 mai à Paris dans le cadre de la journée internationale qui leur est consacrée. Leurs revendications : une meilleure reconnaissance et davantage d’effectifs.
Un métier complexe peu reconnu
"Notre profession est très peu connue et très peu reconnue", explique à l'AFP Camille Dumortier, présidente de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF). Elle fait état "d'un gros ras-le-bol" de ces soignantes, dont le métier ne se résume pas aux accouchements mais comprend également le suivi gynécologique et contraceptif, la procréation médicalement assistée (PMA) ou encore les interruptions volontaires de grossesse (IVG).
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Soignantes "oubliées"
"Ça fait des années qu'on réclame plus d'effectifs et un vrai statut médical à l'hôpital", ajoute Isabelle Maigniem, sage-femme libérale.
Pour l’ONSSF, les sages-femmes sont "les grandes oubliées parmi les professionnels de santé". "Oubliées pour la dotation en masques, oubliées pour réaliser les test PCR, oubliées pour pouvoir prescrire et réaliser les vaccins anti-covid" liste l’organisation dans un communiqué.
Grandes responsabilités mais petit salaire
La France compte environ 24.000 sages-femmes en activité, à 97% des femmes, qui exercent majoritairement dans les hôpitaux et cliniques.
"En France, aucune naissance n’est possible sans la présence d’une sage-femme" rappelle l’ONSSF. "Elles assurent à elles seules 80 des accouchements par voie basse" et accompagnent aussi les naissances hors hôpital. Une "responsabilité immense" pour laquelle elles sont "formées en cinq années, reconnues quatre, avec un volume horaire indécent", des modalités d’embauche "précaires" et des "niveaux de salaire inacceptables".
"Négliger les sages-femmes, c'est négliger les femmes"
A Paris, les manifestantes se sont rassemblées devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. En blouses blanches ou bleues, masquées de rouge en référence au "code rouge" activé en cas d'urgence lors d'un accouchement, les sages-femmes ont ensuite pris le chemin du ministère de la Santé, où une délégation devait être reçue en début d'après-midi.
"On s'occupe de la santé des femmes et nous sommes des femmes", note Camille Dumortier, qui fait le lien avec le fait "qu'on les oublie toujours". Un sentiment repris sur de nombreuses banderoles : "Négliger les sages-femmes, c'est négliger les femmes", "Femmes/sages-femmes même combat" ou encore "Trop sages, trop femmes".
Après plusieurs journées d’action en janvier et en février, les sages-femmes espèrent aujourd'hui que leur voix soit enfin entendue et attendent des mesures "fortes, concrètes pour stopper l’hémorragie".