Des cellules souches pour réparer les dégâts des AVC
Des patients ont récupéré des fonctions motrices perdues suite à un accident vasculaire cérébral, grâce à l'injection de cellules souches dans le cerveau.
L'accident vasculaire cérébral (AVC) est redoutable à plus d'un titre. Il représente la troisième cause de mortalité en France, mais il est aussi la première cause de handicap neurologique. Dans 80% des cas, l'AVC est dû à une artère qui se bouche dans le cerveau : on parle d'AVC ischémique. Quand c'est une grosse artère qui est atteinte, les médecins peuvent agir dans les premières heures après l'accident en débouchant l'artère. Les enjeux sont énormes : si rien n'est fait, ce sont deux millions de neurones qui meurent à la minute. Mais toutes les personnes ne bénéficient pas du traitement à temps, et des séquelles neurologiques peuvent de toute manière subsister. Pour les atténuer, après la situation d'urgence, les patients commencent une rééducation pour développer les compétences des neurones autour de la zone cérébrale morte et récupérer un peu de capacités.
De la moelle osseuse au cerveau endommagé
Une équipe de l'Université de Stanford (Californie), engagée dans un essai clinique, a réussi à rétablir la fonction motrice de victimes d'AVC, plusieurs mois après l'accident (entre six mois et trois ans après), en injectant dans leur cerveau des cellules souches. Les médecins ont effectué un trou dans l’os de leur crâne et, grâce à une seringue, ont placé ces cellules à la périphérie de la zone cérébrale endommagée. Les cellules utilisées étaient des cellules souches mésenchymateuses, précurseurs des tissus musculaires, de la graisse, des os et des tendons. Facilement obtenues à partir de la moelle osseuse, elles ne semblent déclencher aucune réaction immunitaire forte chez les receveurs, même quand elles proviennent d'un donneur non apparenté. Dans cet essai, contrairement à la grande majorité des procédures de transplantation, les bénéficiaires de cellules souches n’ont donc pas eu à recevoir de médicaments immunosuppresseurs. Ils sont restés conscients tout au long de la procédure et n’ont pas souffert d’effets secondaires sérieux. Les quelques effets secondaires observés n’étaient pas attribuables aux cellules souches en tant que telles, mais à l’acte chirurgical.
Récupération motrice majeure
Après la transplantation cellulaire, les malades ont été rigoureusement suivis : ils se sont pliés à des tests sanguins, des évaluations cliniques et de l'imagerie cérébrale. Leurs progrès ont été évalués grâce à des mesures standardisées. Ceux-ci ont été non seulement statistiquement significatifs, mais aussi cliniquement significatifs. Les résultats obtenus sont impressionnants : des patients qui avaient, par exemple, perdu l’usage de leur bras l’ont retrouvé. D’autres, qui devaient utiliser un fauteuil roulant, n’en ont désormais plus besoin, comme le rapporte Gary Steinberg, conducteur de l’étude, sur le site de l’Université de Stanford.
Comment ça marche ? Fait intéressant, les cellules souches ne semblent pas survivre très longtemps dans le tissu cérébral. Les études précliniques ont montré qu’elles commençaient à mourir environ un mois après la transplantation, pour complétement disparaître au bout de deux mois. Pourtant, les patients ont commencé à montrer des signes d’amélioration dans un délai d'un mois, et cette amélioration s’est poursuivie pendant plusieurs mois. Et un an après la chirurgie, les progrès s’étaient maintenus. D’après Gary Steinberg, ce ne sont donc pas aux cellules elles-mêmes que nous devons ces résultats probants, mais plutôt aux facteurs qu’elles secrètent pendant leur courte présence postopératoire. Ces facteurs seraient capables de déclencher la régénération de la fonction neuronale. "Nous pensions que les circuits cérébraux étaient morts. Et puis nous avons compris qu'ils ne l’étaient pas. Il est possible de les réactiver", a commenté Gary Steinberg.
Comme le soulignent les chercheurs, cet essai était de petite envergure. Mais ces résultats prometteurs ouvrent la voie à des essais plus larges.