Sepsis : réparer les muscles grâce aux cellules souches
Lorsque les muscles ont été atrophiés par une infection généralisée, appelée sepsis ou septicémie, il est possible de les réparer grâce à des cellules souches. Reportage.
Il tue un malade toutes les trois secondes dans le monde, il touche plus de 70 000 Français en priorité les plus affaiblis. Son nom : le sepsis (terme anglosaxon pour désigner une septicémie). Cela commence toujours par une infection, dont les germes se multiplient et se propagent dans tout l'organisme. Une infection du sang qui mène plus de 30% des patients au décès.
Un risque de perte des forces musculaires
Pour les survivants, les séquelles peuvent être graves. L'une d'elles intéresse particulièrement les chercheurs de l'Institut Pasteur : l'affaiblissement musculaire. "Le problème majeur, c'est que les patients ont énormément perdu de forces musculaires qu'ils n'arrivent pas à récupérer malgré différentes stratégies. Et la majorité de ces patients sera incapable de retourner travailler par exemple", explique le Pr Fabrice Chrétien, directeur de l'unité d'histopathologie de l'Institut Pasteur.
En temps normal, le muscle est l'un des organes qui se régénère le mieux. Mais pas après un sepsis. Pour élucider ce mystère, les chercheurs ont observé des muscles de souris. Les organes ont été congelés, puis découpés en micro-tranches. Les chercheurs ont ainsi pu observer que "le muscle est totalement dégradé et remplacé par une prolifération de cellules inflammatoires, qui sont présentes pour manger, phagocyter les fibres musculaires malades. Il ne reste que quelques exceptionnelles petites fibres musculaires qui sont atrophiques".
Injecter des cellules souches pluripotentes
Si le muscle dégénère, c'est certainement la faute aux cellules souches. Ce sont elles qui en temps normal réparent les tissus. Les chercheurs ont comparé des cellules souches en bonne santé avec des cellules provenant d'un muscle atrophié par le sepsis. Le contraste est saisissant. La cellule ne se divise plus, elle semble même agoniser. Les cellules souches déficientes ne réparent plus le muscle.
Les chercheurs ont eu l'idée d'injecter à la souris malade de nouvelles cellules, mais pas n'importe lesquelles. Elles sont pluripotentes, c'est-à-dire capables de produire divers types de cellules. "Après la greffe, on retrouve des fibres musculaires régénérées (…) le muscle reprend une apparence normale avec de grosses cellules qui assurent la contraction. Et le muscle est parfaitement fonctionnel. Nous avons mesuré sa force, nous avons mesuré la capacité d'exercice des animaux greffés qui avaient recouvré une fonction musculaire normale", note le Pr Chrétien. Des résultats encourageants pour tous les malades souffrant d'un sepsis. Reste à poursuivre maintenant les investigations sur l'humain.