Décès de Thérèse Clerc, figure du féminisme et de l'engagement citoyen
Militante féministe de la première heure, éprise de liberté, Thérèse Clerc est décédée le 16 février 2016 à l'âge de 88 ans. Elle était notamment connue pour avoir fondé la Maison des Babayagas, résidence autogérée pour femmes âgées à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. "Le magazine de la santé" l'avait reçue et interviewée à plusieurs occasions ces dernières années.
Thérèse Clerc, atteinte d'un cancer, "s'est éteinte paisiblement chez elle", a annoncé à l'AFP Danielle Michel-Chich, auteure de la biographie "Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs" (édition des Femmes) et son amie de longue date. "Citoyenne et utopiste jusqu'au bout, inconditionnelle défenseure de la liberté, elle a su faire de sa vie un combat et une fête", a-t-elle déclaré.
Née le 9 décembre 1927, féministe engagée, elle avait milité notamment au Mouvement pour la Libération de l'Avortement et de la Contraception (MLAC), au Mouvement de la Paix ou encore au PSU.
Mère de quatre enfants, quatorze fois grand-mère, mariée à 20 ans et divorcée à 40 ans, Thérèse Clerc s'était rendu compte qu'elle préférait les femmes. "J'ai complètement occulté ma première vie où je me suis profondément ennuyée", avouait-elle en 2012 à l'occasion de la sortie du documentaire de Sébastien Lifshitz "Les Invisibles" dont elle était l'une des héroïnes.
Thérèse Clerc s'était également confiée en octobre 2011 dans un Allo docteurs consacrée à la sexualité des seniors.
Chevalier de la Légion d'honneur, elle s'était battue pendant quinze ans pour fonder la Maison des Babayagas, ouverte début 2013, avec une vingtaine de colocataires âgées de 60 à 80 ans, installées dans des studios individuels au cœur d'un seul et même bâtiment. Il s'agissait pour ces femmes attachées à leur indépendance de "vieillir ensemble", "en toute liberté", expliquait-elle alors. Les Babayagas empruntent leur nom aux sorcières mangeuses d'enfants des contes russes.
A Montreuil, elle avait également fondé la Maison des femmes, ouverte aux femmes de tous âges, victimes de violence, en insertion ou réinsertion. Celle-ci avait été rebaptisée "Maison des femmes Thérèse Clerc", le 15 janvier 2016, en sa présence. Thérèse Clerc a également créé l'Université des Savoirs sur la Vieillesse (UNISAVIE).
Hommages de personnalités
"Toute sa vie, du MLAC aux Babayagas, Thérèse Clerc a pensé et agi pour les femmes. Le féminisme pour chaque âge de l'existence. Hommage", a réagi Laurence Rossignol, ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes sur son compte Twitter.
Pour la maire de Paris, Anne Hidalgo, "Thérèse Clerc est une des figures de cette génération pionnière de féministes qui […] se sont battues pour faire du droit des femmes à disposer de leur corps une bataille politique". "Notre pays perd aujourd'hui une femme résolument engagée et passionnément visionnaire dont les combats doivent plus que jamais nous inspirer", assure-t-elle dans un communiqué.
Le maire de Montreuil, Patrice Bessac, s'est dit pour sa part "profondément touché par le décès de Thérèse Clerc, figure du féminisme et de l'engagement citoyen". C'est en 1974 qu'elle avait choisi de poser ses bagages dans cette ville de la banlieue parisienne. "Surnommée "Thérèse de Montreuil", elle s'y est investie avec tout son cœur et toute son âme, généreuse, tendre, intègre, farouchement libre et indépendante", a salué l'élu PCF