#NoNutNovember, le défi de ne pas éjaculer durant un mois
C'est un hastag qui fait du bruit et un défi surprenant relevé par certains internautes. Alors existe-t-il de potentiels bienfaits sexuels ou d'éventuels risques à une abstinence ponctuelle ?
D'aucuns se poseront d'emblée la question de la motivation et de l'intérêt de se frustrer volontairement dans une société déjà bardée d'interdictions. D'autres plus joueurs s'interrogeront sur les bienfaits et les risques de ne pas éjaculer durant un mois, aussi bien durant un rapport qu'avec la masturbation. "Il n'y a rien dans la littérature scientifique qui permette d'affirmer d'éventuels bienfaits ni même de risques, estime l'urologue et sexologue Antoine Faix. Là, c'est plus un simple jeu, qu'une nécessité ou un avantage !"
Selon lui, le défi peut reprendre une théorie prônée par certains courants religieux et asiatiques qui prônent le contrôle de l'éjaculation et de son corps. Ce qui peut être quelque chose de positif, notamment en termes de contrôle de l'esprit ou pour le plaisir de la partenaire. "Mais pourquoi vouloir absolument contrôler quelque chose qui se fait de toute façon ? s'interroge le Dr Faix. Il faut éjaculer régulièrement si on se place sur le versant du sperme car au bout d'une dizaine de jours, les spermatozoïdes sont de plus mauvaise qualité."
Stimuler le désir chez certains
Alors, sur un plan sexuel, subir une telle abstinence offre-t-il quelques bienfaits intéressants ? Elle peut stimuler le désir chez certains puisque le défi les prive d'un plaisir qui prend d'autant plus d'importance qu'il est interdit. Il stimule l'imaginaire érotique en laissant une grande place aux fantasmes et à l'anticipation de tous les ébats assouvis une fois le 30 novembre passé. Ce ressort de l'anticipation tombe souvent aux oubliettes lorsque la sexualité est considérée comme acquise et facile. Parmi les couples qui se connaissent depuis longtemps, la répétition des schémas en ce qui concerne les pratiques sexuelles a tendance à plomber le désir et les fantasmes. Ainsi l'interdiction ponctuelle de sexualité réactiverait-t-elle l'imagination en lui offrant un espace qu'elle n'occupait plus...
Mais c'est un constat qui est nuancé par le spécialiste : la majorité des hommes vivent plus la frustration sexuelle comme une contrainte qui finit par leur porter sur les nerfs et ne stimule en rien la libido. D'ailleurs, certains hommes qui n'éjaculent pas dans leur vie diurne ont des pollutions nocturnes (autrement dit des éjaculations la nuit) : "comme l'avait émis Freud, la sexualité est importante pour l'équilibre psychologique et elle fait diminuer les tensions ", détaille l'urologue. Sans la possibilité d'éjaculer et de décharger les tensions psychologiques, celles-ci ne seraient plus aussi bien régulées et ne seraient pas vraiment propices aux rêveries érotiques...
Une action sur la puissance et le plaisir ?
On pourrait également penser que le fait de se "priver" augmente la puissance de l'éjaculation suite à la privation mais aussi l'intensité du plaisir, un peu comme la première pâtisserie après un régime alimentaire, pâtisserie qui est particulièrement dégustée et savourée... Là encore, l'urologue se montre circonspect : "certains hommes peuvent avoir l'impression que s'ils se retiennent, c'est meilleur, c'est vrai mais ce n'est pas le cas pour tous....De plus, chez ceux qui n'ont pas de sexualité durant longtemps, ce n'est pas le plaisir qui leur manque mais c'est le contact humain !"
Une usine à frustrations ?
Un mois sans rapport permettrait-il de développer davantage de tendresse au sein des couples ? Sans doute chez certains, à condition d'être engagés à deux dans le défi (si le/la partenaire n'est pas d'accord, il risque de créer un conflit). Les couples donneront une place plus grande aux baisers, aux caresses, aux massages. Ils peuvent aussi flirter avec la sensualité et faire monter le désir en s'arrêtant avant d'avoir franchi le seuil réflexe de l'éjaculation. D'autres se concentreront sur le plaisir de leur partenaire femme en lui offrant un orgasme ; les hommes peuvent jouer avec leur désir en s'arrêtant à temps puisque l'éjaculation est un réflexe et qu'une fois le seuil d'éjaculation dépassé, il n'y a plus de contrôle possible... C'est donc risqué et potentiellement très frustrant. Mais si le couple ne s'est pas engagé à deux dans le défi, les partenaires aimant les ébats sexuels se révèleront terriblement frustré(e)s ! "Et si l'homme ne peut pas avoir de rapport, il n'aura pas envie de tendresse dans son couple, s'oppose le Dr Faix. C'est plutôt le contraire à mon avis, ce défi est une usine à frustration !"
Dernier point sur le risque potentiel : "il n'y a aucun retentissement négatif à ne pas éjaculer durant un mois d'après la littérature médicale", selon l'urologue, notamment en ce qui concerne le cancer de prostate (dont le risque diminuerait avec une fréquence élevée d'éjaculations).
Ce défi est donc à prendre comme il se présente, comme un simple jeu et rien d'autre !