Soulager les douleurs au genou grâce aux injections de plaquettes
Le plasma riche en plaquettes (PRP), obtenu à partir du propre sang du patient, stimule la régénération des cartilages. Reportage à Marseille, où un essai clinique qui compare l'efficacité du PRP à celle des corticoïdes est en cours.
Aujourd’hui, Fred espère sortir du brouillard généré par une douleur de plus en plus pénible au genou gauche. L’origine de cette douleur : l’inflammation causée par un ménisque abîmé. Pour la traiter, Fred va participer à un essai clinique sur une thérapie innovante à partir de son propre sang, du plasma enrichi en plaquettes, ou PRP.
L'espoir d'une alternative aux corticoïdes
Le PRP est un espoir d’alternative à l’infiltration classique de cortisone. "Vous avez une chance sur deux d'avoir l'anti-inflammatoire que tout le monde utilise, les corticoïdes, et une chance sur deux d'avoir les PRP. Les PRP sont un produit dérivé de vos plaquettes pour avoir un super anti-inflammatoire naturel", explique le Pr Matthieu Ollivier, chirurgien orthopédiste à l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille.
"Le problème des corticoïdes, c'est que c'est peut-être un peu toxique pour le cartilage. On ne peut pas faire d'infiltrations de corticoïdes tous les ans. On espère trouver une cartouche de plus à tirer, sur cette inflammation autour des ménisques", précise-t-il.
L’essai exige de prélever 20 ml de sang, pour être sûr de recueillir un assez grand nombre de plaquettes. Car ces cellules sanguines ne servent pas seulement à la coagulation. "On attribue aux plaquettes, d'une part des propriétés anti-inflammatoires de longue durée, mais également des propriétés régénératives. In vitro, les plaquettes font pousser du cartilage dans une boîte de Petri. En revanche, in vivo, chez l'homme, c'est quelque chose qui est encore débattu et c’est ce qu’on veut évaluer dans cet essai", commente Jérémy Magalon, pharmacien biologiste au laboratoire de thérapie cellulaire à l'hôpital de la Conception, à Marseille.
Un tirage au sort du contenu de l’injection
Il suffit d’un simple passage à la centrifugeuse pour séparer ces précieuses cellules des globules rouges. Un tirage au sort va déterminer le contenu final de l’injection : le PRP, les plaquettes ou la traditionnelle cortisone. Le secret est gardé par des étiquettes rouges très opaques.
L’infiltration dans le genou est ensuite guidée par l’échographie pour agir exactement au niveau de la fissure du ménisque responsable des douleurs.
"Quel que soit le produit, c'est le même geste. Dans les deux cas, on aura un effet anti-inflammatoire. Mais on a envie de croire que ces genoux vont mieux cicatriser avec les concentrés plaquettaires", confie la Docteure Daphné Guenoun-Meyssignac, radiologue à l'hôpital Sainte-Marguerite.
Bientôt un remboursement du PRP ?
Frédéric a reçu ce produit plus naturel et surtout plus efficace à la première phase de cet essai clinique. Heureusement, car pour lui, l’injection de cortisone n’avait rien changé.
"Ça gênait pour marcher, courir… Et là maintenant, j'ai une vie tout à fait normale. J’ai recommencé à jouer au foot, au tennis… Un vrai changement", commente Frédéric, 40 ans.
Si la phase II confirmait ce bénéfice, ce PRP pourrait obtenir le remboursement par la Sécurité sociale.