Tout savoir sur le métier de médiateur de santé-pair en santé mentale
Les médiateurs de santé-pairs sont des patients-experts qui accompagnent les personnes souffrant d'un problème de santé psychique. Reportage auprès de l'un de ces aidants, à l'hôpital Sainte-Anne.
Chaque semaine, Stéphane Cognon franchit l’entrée de l’hôpital Sainte-Anne, une grande institution de la psychiatrie, en tant que patient-expert pour ceux qui sont aujourd’hui en soins. Lui-même a reçu un diagnostic de schizophrénie :" Je suis un patient rétabli, j'ai connu l'hospitalisation, tout le cheminement de rétablissement d'un trouble psy" confie-t-il aujourd'hui. 'Et j'ai entendu parler de ce métier de pair-aidant, c'est-à-dire qu'avec ce qui était en fait une fragilité, une tare, quelque chose qu'il ne fallait pas évoquer ou en tout cas qu'il fallait cacher, finalement ça allait servir à d'autres personnes", poursuit-il.
Partager son expérience avec les patients
Pour exercer ce métier de médiateur santé-pair, Stéphane a passé une licence qui comprenait des stages à l’hôpital Sainte-Anne. C’est là qu’il travaille depuis trois ans, avec une place originale, à côté des soignants et des patients.
"Le fait d'avoir Stéphane avec nous, nous donne un peu des clés par rapport aux problèmes qu’on a, que lui a eu, qu'il a potentiellement même encore. Par exemple, on discutait des traitements et on découvre que pour les effets secondaires, il y a des solutions", explique un patient.
"On travaille pour éviter les rechutes, on travaille pour qu'ils acceptent la maladie et qu'ils soient acteurs de leur vie", précise Stéphane Cognon."La schizophrénie ne part pas, mais, on se rétablit et enfin, on peut être souriant et heureux, avoir une vie "normale", ça fait du bien", commente un autre patient.
"Favoriser l'adhésion aux soins"
Stéphane anime avec toujours au moins un soignant des groupes de paroles à différentes étapes des soins. Son rôle est désormais jugé essentiel dès le début de l’hospitalisation.
"Ça change complètement le pronostic des patients" raconte la Dre Sarah Smadja, cheffe du service hospitalo-universitaire de psychiatrie. "Lors de leur arrivée en pleine crise, ils peuvent avoir un lien avec un usager de soins qui s'en est sorti, qui s'est rétabli donc ça va favoriser l'adhésion aux soins et éviter les résistances au traitement et les difficultés", poursuit-elle.
Aider les soignants à s'améliorer
Ces progrès viennent de la double médiation de Stéphane. Il accompagne les patients dans leur découverte d’une maladie et de traitements difficiles. Mais il aide aussi les soignants à s’améliorer.
"Ces groupes permettent de voir à quel point certaines pratiques peuvent être vécues comme assez traumatisantes. On se rend compte que les soignants se posent vraiment beaucoup plus de questions maintenant sur ce qui se faisait de manière automatique", livre Typhaine Guernion, cadre supérieure.
Privation du téléphone, pyjama obligatoire, peu à peu Stéphane et les neuf autres médiateurs qui l’ont désormais rejoint font réfléchir l’hôpital Sainte-Anne à certaines de ses règles.