Traitements du cancer du sein : comment le laser soulage les effets secondaires
Les traitements du cancer du sein laissent parfois des séquelles altérant la qualité de vie des patientes. Le laser est un outil précieux dans certains cas. Explications.
Le laser est de plus en plus utilisé par les dermatologues, dans des domaines allant des cicatrices aux rougeurs, en passant par l'épilation, la lutte contre le vieillissement ou le détatouage. Mais son intérêt dans les soins de support du cancer du sein reste méconnu, alors qu'il s'avère précieux pour réparer le vagin ou enlever les marques de repérage tracées avant une radiothérapie.
Supprimer le tatouage de repérage
Avant la radiothérapie, des points de repère sont dessinés sur la peau, afin de cibler les rayons et éviter de léser les zones saines. Dans certains cas, ils sont tatoués sur la peau et permanents. Ils sont alors le funeste rappel du cancer.
"Le laser offre aux patients le droit à l'oubli en détatouant les zones à irradier, explique la Docteure Muriel Creusot, dermatologue et membre de la Société Française des Lasers en Dermatologie (SFLD). Une à deux séances de laser de détatouage sont suffisantes pour effacer les marques."
Certains dermatologues, comme la Dre Creusot, l'offrent gracieusement aux patientes.
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Soigner les répercussions sur le vagin
96% des femmes touchées par un cancer du sein souffrent d'un syndrome urogénital. Les traitements provoquent une chute des oestrogènes, les hormones sexuelles féminines, dont le retentissement est équivalent à une ménopause précoce. La vulve et le vagin s'atrophient, la partie superficielle de la muqueuse s'amincit, le vagin perd en élasticité et la lubrification se réduit. Avec, à la clé, des saignements, des irritations, et des douleurs durant la pénétration.
Or, un cancer du sein hormono-dépendant contre-indique l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif. Ce qui laisse souvent les patientes démunies face à ces symptômes.
En agissant sur la muqueuse utérine, le laser CO2 fractionné peut restaurer la muqueuse vaginale, contribuer à rééquilibrer la flore et diminuer les symptômes des voies urinaires inférieures. "Ce laser fait des micro-trous dans la muqueuse à 360 degrés. La muqueuse saine refabrique du collagène, au niveau vaginale elle se régenère. En plus, la vascularisation, le tissu conjonctif et musculaire lisse, ainsi que la flore vaginale sont stimulés", détaille la Dre Creusot.
"Une option pour les femmes qui n'ont pas d'autres solutions"
D'après la dermatologue, trois séances, d'une durée maximum de 10 mn chacune, sont nécessaires, à un mois d'intervalle. Ensuite, les patientes reviennent tous les six mois pour une séance d'entretien. Le laser est indolore et bien toléré. Il faut simplement éviter les rapports et les bains durant 48 h. Le prix d'une séance est en moyenne de 300 euros.
Mais avec quelle efficacité ? Une étude publiée en 2015 montre des effets sur la muqueuse, augmentant son épaisseur et la synthèse de collagène. Plusieurs autres études montrent une efficacité significative après un cycle de trois traitements au laser, avec une vie sexuelle et une qualité de vie améliorées.
Cependant, une méta-analyse de 2021 conclut qu'en dépit de résultats encourageants, le niveau de preuves de son efficacité et la sécurité d'emploi reste faible. Malgré tout, d'autres études sont nécessaires pour pouvoir recommander la technique, d'après les auteurs de la méta-analyse.
"Ce n'est pas un traitement de première intention mais cela reste une option à proposer aux femmes qui n'ont pas d'autres solutions", estime la Dre Creusot.
Les techniques d'esthétique sont loin d'être anecdotiques : elles réparent ce que les traitements abiment et favorisent le bien-être des patientes. Malgré tout, elles ne sont toujours pas prises en charge par l'assurance-maladie, les prix étant très variables d'un dermatologue à l'autre.