Voici ce qui se cache réellement derrière le shilajit, "l'or noir de l'Himalaya"
Le shilajit est utilisé depuis la nuit des temps en médecine ayurvédique. S'il est présenté comme un produit miracle sur les réseaux sociaux, les professionnels de santé sont plus prudents.

L'or noir de l'Himalaya n'est pas vraiment tout blanc. Le shilajit est une résine noire produite naturellement dans certains massifs montagneux, notamment dans l'Himalaya. Sous l'effet de la pression des roches, un liquide noir suinte, mélange complexe de végétaux décomposés sur des milliers d'années et de composés minéraux. Certains shilajits seraient ainsi âgés de 10 000 à 15 000 ans et son usage est réputé dans les médecines traditionnelles ayurvédique et chinoise.
Sur le plan biologique, le shilajit contient notamment de l’acide fulvique, de l’acide humique, divers minéraux et oligo-éléments. En médecine traditionnelle, il est utilisé pour ses effets contre la fatigue, les inflammations liées au vieillissement, ses vertus aphrodisiaques et son aide supposée contre le mal des montagnes lié à l'altitude. Porté par les réseaux sociaux et les nouvelles tendances bien-être, le shilajit refait aujourd'hui surface sous diverses formes : compléments alimentaires, résines à dissoudre sous la langue ou dans des boissons chaudes, gummies.
Un produit "miracle" controversé
Sur les réseaux sociaux, des vidéos virales vantent les supposés innombrables bienfaits du shilajit. Stimulation de l’énergie, renforcement de l’immunité, soulagement de l’asthme, détoxification des métaux lourds voire des effets sur le diabète de type 2, le cholestérol et même la maladie d’Alzheimer... Certaines vidéos utilisent même de faux avatars se présentant comme médecins pour vanter ces produits. Du délire !
Pourtant, du côté des professionnels de santé, les discours sont beaucoup plus prudents. La plateforme gouvernementale Santé.fr, rattachée aux autorités sanitaires françaises, rappelle que les preuves scientifiques sur les bienfaits du shilajit restent insuffisantes. Les études disponibles ont majoritairement été réalisées in vitro ou sur des rongeurs, avec très peu de données solides chez l’humain.
De plus, les substances actives qu’il contient, telles que les triterpènes et certains dérivés phénoliques, peuvent devenir rapidement toxiques, imposant la plus grande prudence. Au problème de l’efficacité non démontrée s’ajoute celui de la qualité des produits commercialisés. Avec l’explosion de la demande, le marché du shilajit est devenu un terrain fertile pour les contrefaçons et les produits de mauvaise qualité.
À lire aussi : Des "effets sévères" sur la santé : ces compléments alimentaires ne doivent plus être utilisés
Un risque de contamination aux métaux lourds
Comme le souligne la Docteure Aline Mercan, médecin généraliste et phytothérapeute, il est extrêmement difficile de vérifier l’authenticité du shilajit vendu sur internet ou dans certaines boutiques spécialisées. Le risque majeur est la contamination aux métaux lourds tels que l'arsenic, le plomb ou le mercure, en raison de l'absence de normes strictes et de la mauvaise traçabilité des produits. D'autant que le shilajit se vend à prix d'or : comptez entre 20 et 50 euros pour un pot, disponible sur des sites de vente spécialisés.