Bientôt une activité physique et sportive sur prescription médicale ?
A quand l'activité physique et sportive (APS) médicalement prescrite et socialement remboursée ? Selon différents experts réunis lors d'un colloque mardi 18 septembre 2012, à Paris, l'APS pourrait devenir une alternative aux médicaments et, à terme, un remède au déficit de la sécurité sociale. Un projet en tous cas à l'étude.
"Quinze minutes de marche quotidiennes diminuent la mortalité de 14 %", a rappelé l'une des experts, Martine Duclos, professeur de médecine du sport.
Responsable d'un décès sur dix dans le monde, selon une étude de la revue médicale britannique The Lancet, le manque d'activité est mécaniquement à l'origine de diverses pathologies ruineuses pour les caisses de santé: maladies cardiovasculaires, troubles liés à l'obésité, certains types de cancers, etc.
Ainsi, d'après une entreprise dédiée au sport-santé, l'Imaps, un actif dépense 250 euros de moins chaque année qu'un inactif pour sa santé. Et financer à hauteur de 150 euros par an une APS adaptée pour soigner les pathologies de 10% des patients en affection de longue durée (ALD), permettrait à la sécurité sociale d'économiser 56,2 millions d'euros par an, selon ce calcul.
Le terrain politique pour l'expérimentation semble prêt. La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, est également une médecin du sport convaincue des bienfaits de la prescription de la pratique sportive et des certificats "d'indication", par opposition à ceux de "non contre-indication".
Le Vidal des disciplines sportives ?
"C'est largement prouvé. Le sport fonctionne comme un effet dose. Quand il y a surentraînement, on est dans des pathologies de surutilisation mais quand il n'y a pas d'activité, il y a les risques de la sédentarité, responsable de 15 % des décès", a-t-elle rappelé en ouverture du colloque organisé au Comité national olympique et sportif (CNOSF).
Ce dernier, qui copilote avec le ministère la politique "sport-santé", va contribuer au projet via ses différentes fédérations affiliées.
Dans chaque fédération, "un comité sport-santé spécifique établira les caractéristiques et bénéfices de chaque discipline pour établir une sorte de Vidal des disciplines sportives", a expliqué le président de la commission médicale du CNOSF et ancien ministre des Sports, Alain Calmat.
"Le rôle du mouvement sportif est de permettre aux médecins de connaître la discipline la plus adaptée" aux pathologies, a ajouté M. Calmat. Pour ce faire, quatre groupes de travail multi-partites ont été constitués : sport et cancer, obésité, maladie cardio-vasculaire, vieillissement.
De son côté, Christian Jeambrun, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), a pondéré l'enthousiasme général pour la prescription de l'APS de manière ciblée et individuelle, en s'interrogeant sur les structures auxquelles confier les patients et les bilans qu'elles en tireront.
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