Cancer : 30% des actifs sans emploi deux ans après le diagnostic
CANCER - Pour de nombreux patients, la précarité s'ajoute à l'épreuve de la maladie. Près d'un tiers des actifs malades d'un cancer ont quitté ou perdu leur emploi deux ans après le diagnostic, selon les chiffres du troisième rapport de l'Observatoire sociétal des cancers, présentés le 17 avril 2014 par la Ligue contre le cancer. Pour les deux-tiers des malades, les frais de santé qui restent à leur charge sont évalués à environ 1.000 euros au cours de leur traitement.
"Trois personnes sur dix qui étaient en emploi effectif au moment du diagnostic ne le sont plus deux ans après", souligne la Ligue contre le cancer dans un communiqué accompagnant le rapport. Il s'agit pour une bonne part (44%) de personnes toujours en arrêt de travail, mais également de personnes ayant perdu leur poste.
92% des personnes qui ont perdu leur emploi après un cancer, l'ont perdu dans les 15 mois qui ont suivi le diagnostic tandis que "seules 30% des personnes" qui se découvrent malades pendant une période de chômage réussissent à retrouver du travail deux ans après.
Ces données, diffusées à l'occasion du rapport annuel de la Ligue, "Observatoire sociétal des cancers", sont tirées d'une vaste enquête sur les conditions de vie deux ans après un diagnostic de cancer, conduite auprès de plus de 4.000 personnes, sous l'égide de l'Institut national du cancer (InCA).
La Ligue souligne la difficulté pour les salariés à reprendre place dans l'entreprise après la maladie. Pour près d'un salarié sur deux, la maladie a eu des répercussions sur la situation professionnelle, en particulier le fait de "se voir imposer un travail moins intéressant".
Un salarié sur trois affirme n'avoir bénéficié d'aucune mesure de son entreprise pour l'aider durant ses traitements, selon des chiffres tirés d'un sondage sur "les salariés et le cancer", réalisé du 8 au 22 janvier 2014 par LH2/BVA auprès d'un échantillon de 668 "salariés en activité".
Reste à charge
Souvent les salariés déclarent d'important frais liés à la maladie non remboursés par la sécurité sociale. Il s'agit des soins dits "de confort" contre les effets secondaires des traitements, des aides à domicile, des dépassements d'honoraires de spécialistes, des frais de prothèses ou perruques (remboursées mais sur la base d'un forfait de 125 euros) et des frais de transports.
"47% des personnes interrogées soignées pour un cancer déclarent avoir eu des frais de santé restés à leur charge, dont 8% d'un niveau important" précise la Ligue. Pour les deux-tiers de ces personnes, les frais sont évalués à environ 1.000 euros au cours d'un traitement.
Plus étonnant encore, une très forte proportion des travailleurs indépendants "ne peut se permettre d'interrompre le travail pendant le traitement" souligne auprès de l'AFP, le responsable de la Ligue, Emmanuel Jammes.
Une enquête auprès de 65 travailleurs indépendants ayant souffert de cancer (enquête Indepcan, réalisée par le centre anti-cancer Gustave Roussy) montre que tous ont continué à travailler durant la totalité de leur traitement.
VOIR AUSSI :
- Reprendre un travail après un cancer, article du 18 avril 2014.
- Vivre après un cancer, dossier du 7 février 2013.
- Cancer : la précarité des malades devient préoccupante, article du 4 mai 2012.
- Cancer : quand la précarité s'ajoute à la maladie, reportage du 28 février 2011.
Perte d'emploi
- 30% des personnes qui occupaient un emploi au moment du diagnostic sont sans travail 2 ans après.
Sortir du chômage
- 30% des personnes qui étaient au chômage au moment du diagnostic ont retrouvé un emploi 2 ans après.