Hospitalisme : le syndrome des pouponnières
L'hospitalisme désigne un syndrome de régression mentale que développent des jeunes enfants séparés brusquement ou longuement de leurs parents et hospitalisés pendant de longues périodes. Seul remède : apporter à l’enfant l’attachement dont il a besoin pour grandir.
Qu’est-ce que l’hospitalisme ?
L’hospitalisme était très fréquent dans les pouponnières de la France d'après-guerre. La solitude rendait les jeunes enfants malades, ils dépérissaient peu à peu, tant physiquement que psychiquement.
L'enfant en carence affective passe par différentes étapes : le premier mois de séparation, il pleure, crie et cherche le contact. Le deuxième mois, il dort mal, perd du poids, sa croissance est ralentie. Le troisième mois, il semble détaché, indifférent et ne témoigne plus aucun intérêt ni pour les personnes ni pour le monde extérieur.
A l'époque, la psychologie des enfants n'était pas d'actualité. On pensait que leur comportement était dû à leur hérédité : parents alcooliques, syphilitiques ou pourquoi pas attardés de génération en génération. Ces explications ont été balayées par la découverte de l'hospitalisme, que l'on doit notamment à René Arped Spitz, un psychanalyste d'origine hongroise.
Après les psychologues, les scientifiques ont étudié ce syndrome et mis en évidence que l'hospitalisme était réversible. Quand l'enfant retrouve une stabilité affective, il va mieux.
Une détresse affective
Mais il faut ajouter tout de même un bémol. Tout dépend en effet de l'âge. Des périodes sont particulièrement sensibles pour le bon développement de l'enfant. Les séparations pendant les trois premières années sont les plus graves, et particulièrement entre le 6ème et le 15ème mois de l'enfant.
Des radiologues américains ont récemment étudié le cerveau d'enfants roumains âgés de 9 ans. Ces petits n'avaient connu que l'orphelinat avant d'être adoptés à l'âge de 3 ans. Leur cerveau présentait, des années après, des séquelles irréversibles : les zones cérébrales impliquées dans les émotions étaient moins développées que celles des autres enfants.
Même si on peut toujours émettre des réserves sur le principe du quotient intellectuel, l'étude indique que le QI de ces enfants se situait autour de 80, c'est-à-dire bien en dessous de la moyenne.
Amoindrir la souffrance par la présence
Aujourd'hui, les professionnels en contact avec des enfants sont particulièrement vigilants. On sait qu'il est indispensable de leur expliquer les raisons et la durée d'une séparation, même à un nouveau-né.
L'hospitalisme se fait plus rare. Les structures médicales ou sociales prennent désormais en compte l'importance de l'attachement, notamment dans la relation mère-enfant et font tout pour amoindrir le sentiment de manque ou d'abandon.