Pré-éclampsie : attention, grossesse à risque !

Migraine, nausée, œdèmes, maux de ventre... ces symptômes habituels chez la femme enceinte sont parfois le signe d'une urgence, le syndrome de pré-éclampsie. Il se caractérise par une tension anormalement élevée et trop de protéines dans les urines. L'urgence, c'est l'éclampsie.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pré-éclampsie : attention, grossesse à risque !
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L'éclampsie est une sorte de crise d'épilepsie généralisée. L'organisme entier de la femme enceinte se dérègle et son corps s'empoisonne. Selon l'Association de prévention et d'actions contre la pré-éclampsie (APAPE), la pré-éclampsie complique environ 5 % des grossesses (entre 2 à 7 % dans le monde). Chez 1 % d'entre elle, elle débouche sur une éclampsie, souvent fatale (source : Manual Merck). Chaque année, la pré-éclampsie concerne 40 000 femmes en France et cause une vingtaine de décès.

Quels sont les signes de la pré-éclampsie ?

D'où l'importance de réagir au stade de la pré-éclampsie appelée également toxémie gravidique, c'est-à-dire lors de l'apparition de signes annonciateurs. Certains signes sont fréquents lors d'une grossesse normale : nausées, migraines, prise de poids rapide, etc. 

Mais deux autres signes doivent alerter : une tension anormalement élevée et trop de protéines dans les urines, qui indiquent que le rein souffre. 

Une gène respiratoire, des maux de tête non soulagés par du paracétamol, une vision déformée, ou encore des vomissements doivent pousser à consulter. Tout comme le fait de ne plus pouvoir retirer ses bagues, signe d'oedème aux mains.

Quels sont les risques de la pré-éclampsie ?

Dans 10 % des cas, la pré-éclampsie entraîne des complications graves. Le premier risque lié à la pré-éclampsie est qu'elle évolue en éclampsie, qui peut conduire au décès de la mère et/ou de l'enfant. Elle est ainsi la deuxième cause de décès maternels en France, après les hémorragies de la délivrance.

D'autres complications peuvent survenir : 
- une hémorragie cérébrale chez la mère
- une insuffisance rénale chez la mère
- un décollement placentaire qui entraîne une hémorragie interne et nécessite un accouchement en urgence
- un syndrome HELLP, qui se caractérise par une hausse de la destruction des globules rouges dans le foie et une baisse du nombre de plaquettes sanguines qui entraîne un risque accru d'hémorragie.

Pré-éclampsie : quand peut-elle survenir ?

La pré-éclampsie se déclare généralement autour de la 20e semaine de grossesse, c'est-à-dire au milieu du deuxième trimestre de grossesse. Mais elle peut aussi survenir plus tard, juste avant l'accouchement.

Dans certains cas, elle arrive également après l'accouchement, pendant le postpartum.

Pré-éclampsie : quelle prise en charge ?

La pré-éclampsie nécessite souvent une hospitalisation en urgence. La patiente doit être mise au repos absolu, sous antihypertenseurs pour lutter contre l'élévation de la tension artérielle, mais sans diurétique pour ne pas faire travailler davantage les reins. 

Avant 37 semaines d'aménorhée et sans symptôme sévère, la pré-éclampsie peut être prise en charge à domicile, même si souvent une surveillance est mise en place à l'hôpital par précaution.

Si le risque d'éclampsie est trop important, une seule solution pour sauver la mère : déclencher l'accouchement pour extraire le foetus et le placenta, que le foetus soit déjà viable ou non et même si la survie du nouveau-né est compromise. La pré-éclampsie est ainsi responsable d'un tiers des naissances de grands prématurés en France. Une surveillance rapprochée est effectuée les premières semaines suivant l'accouchement.

Qu'est-ce qui provoque la pré-éclampsie ?

Un dysfonctionnement du placenta serait en cause. Certains facteurs de risque ont aussi été mise en évidence : un antécédent de pré-éclampsie, un diabète, une hypertension ou une maladie vasculaire, un trouble de la coagulation ou encore des naissances multiples.

Pré-éclampsie : une 2e grossesse sous surveillance

Comme c'est le cas sept à huit fois sur dix, la pré-éclampsie intervient dès la première grossesse

Malgré les 15 à 20 % de risques d'avoir une nouvelle pré-éclampsie, certaines femmes décident quand même de se lancer dans une deuxième grossesse. Mais pour éviter toute complication, elles bénéficient d'une surveillance particulière. 

Le seul traitement préventif est la prise d'une faible dose aspirine, durant le premier trimestre, chez les patientes à risque. 

Prendre en charge la pré-éclampsie  —  Le Magazine de la Santé

La recherche avance

En 2022, des chercheurs de l'institut Pasteur, de l'INSERM et du CNRS ont testé une molécule sur des rongeurs. Elle corrigerait l'anomalie du placenta et restaurerait le poids du foetus. Chez les mères, elle a permis de corriger l'hypertension et de réduire les protéines dans les urines.

Il faudra encore de nombreuses années avant de voir ce traitement sur le marché, en espérant qu'il réponde aux promesses qu'il suscite.

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