Affaire du Mediator : Servier condamné à rembourser 415 millions d'euros
Le laboratoire pharmaceutique a été jugé coupable de tromperie aggravée, d'homicides et blessures involontaires, d'obtention frauduleuse d'autorisations administratives et d'escroquerie pour avoir commercialisé le Mediator.
Après 13 ans de procédure, le groupe Servier a été lourdement condamné en appel, ce mercredi 20 décembre, dans l'affaire du Mediator. L'amende totale du laboratoire pharmaceutique s'élève à plus de neufs millions d'euros et le groupe doit, en outre, rembourser plus de 415 millions d'euros aux organismes de sécurité sociale et aux mutuelles. Une condamnation plus lourde qu'en première instance.
Le groupe pharmaceutique a été reconnu coupable de tous les délits qui lui étaient reprochés, y compris le délit d'escroquerie pour lequel il avait été relaxé en première instance.
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Des milliers de victimes
À partir de 1976, le Mediator, un antidiabtéique détourné de son usage comme coupe-faim, avait été prescrit à plus de cinq millions de personnes. Jusqu'en 2009 et son retrait du marché, suite aux révélations de la Docteure Irène Franchon, la première lanceuse d'alerte sur ce scandale.
Cette pneumologue au CHU de Brest avait alors établi un lien entre la prise du médicament et l'apparition de lésions cardiaques et d'hypertension artérielle pulmonaire chez les patients. En plus de 30 ans de commercialisation, le Mediator a fait des milliers de victimes : des patients malades ou morts d’atteintes cardiaques, après avoir pris ce traitement.
"Un jugement exemplaire"
Jean-Philippe Seta, ex-bras droit du tout-puissant fondateur du groupe Jacques Servier (décédé en 2014) et seule personne physique prévenue au procès en appel, a été condamné à quatre ans de prison dont un an ferme à accomplir sous bracelet électronique et à un total de près de 90 000 euros d'amende.
Interrogée ce jeudi sur RMC, la Dre Irène Franchon salue "un jugement exemplaire et extrêmement équilibré" qui met en lumière "la mécanique terrible de ce crime industriel." Le groupe Servier a fait savoir qu’il allait se pourvoir en cassation.