Quelle quantité de poisson manger durant la grossesse ?
Le poisson contient des nutriments importants pour le développement des fœtus, et sa consommation "en quantité raisonnable" est fréquemment recommandée aux femmes enceintes. Mais point trop n'en faut : selon une très vaste étude portant sur 26.184 femmes européennes et nord-américaines, au-delà de trois portions par semaine, le risque de donner naissance à des enfants qui grandiront trop vite ou présenteront un surpoids dans l'enfance augmente de façon légère, mais significative. Selon les auteurs de ces travaux, certains perturbateurs endocriniens absorbés par les poissons pourraient être impliqués dans ce phénomène.
Les auteurs de l'étude publiée mi-février dans la revue Jama Pediatrics ont analysé des données provenant de 26.184 femmes enceintes et de leurs progénitures en Europe et aux Etats-Unis pour examiner les liens entre la consommation maternelle de poisson et la croissance de l'enfant ainsi que l'incidence sur le surpoids et l'obésité.
Les enfants ont été suivis jusqu'à l'âge de 6 ans. La consommation médiane de poisson pendant la grossesse variait selon les pays de 0,5 fois par semaine en Belgique à 4,45 fois en Espagne. Au-delà de trois fois par semaine, la consommation de poisson peut être considérée comme élevée, soulignent les chercheurs.
Parmi les 8.215 enfants suivis dans l'étude, 31% ont connu un rythme de croissance rapide de leur naissance à leur deuxième anniversaire, tandis que 4.987 (19,4%) et 3.476 (15,2%) étaient en surpoids ou obèses à 4 et 6 ans respectivement.
Les femmes qui ont consommé du poisson plus de trois fois par semaine pendant leur grossesse apparaissent avoir donné davantage naissance à des enfants dont l'indice de masse corporelle était plus élevé à 2, 4 et 6 ans, comparativement à celles qui mangeaient moins de poisson, ont déterminé les chercheurs. L'ampleur des effets était très nette chez les filles. Les données relatives aux garçons sont moins significatives. Des constats similaires ont été faits sur le surpoids et l'obésité aux mêmes âges.
"La contamination des poissons par des polluants dans l'environnement pourrait être une explication de ces effets observés sur les jeunes enfants entre les quantités de poissons consommées par leur mère quand elles les attendaient et l'accroissement du surpoids parmi eux", concluent les auteurs de l'étude.
Mais ils relèvent que les données recueillies et analysées ne leur ont pas permis de faire de distinction entre les différents types de poissons, le mode de préparation et leurs provenance (rivière ou mer).
L'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) et l'Agence de protection de l'environnement (EPA) avaient encouragé en 2014 les femmes enceintes ou sur le point de l'être à ne pas consommer de poisson plus de trois fois par semaine pour limiter l'exposition du fœtus au mercure. Ce métal lourd est toxique pour le développement cérébral des enfants.