Une bodybuildeuse australienne meurt d'une overdose de protéines
Une malformation génétique rare aggravée par une surconsommation de protéines en poudre a entraîné la mort de Meegan Heffords, jeune adepte des salles de musculation. Ce décès rappelle que l’apport de protéines en compléments peut entraîner de graves troubles rénaux.
Jeune et sportive, Meegan Hefford avait toutes les raisons de croire qu’elle pouvait soulever de la fonte sans problème pendant encore quelques années. Mais elle est brutalement décédée après la surconsommation de compléments alimentaires, relate le site australien Perth Now.
Meegan Hefford a été retrouvée inconsciente chez elle le 19 juin. Trois jours plus tard, les médecins la déclaraient en état de mort cérébrale. Ils avaient découvert entretemps, mais trop tard, qu’elle souffrait d’un trouble du cycle de l’urée. Ses reins n’étaient plus en mesure d’éliminer l’ammoniac naturellement métabolisé par son corps après la prise de protéines, ce qui a atteint son cerveau après l’empoisonnement de son sang.
La jeune femme de 25 ans souffrait du déficit d’une enzyme, censée détruire l’ammoniac, causé par une malformation génétique. Le problème a été aggravé par la prise de protéines en poudre en grande quantité.
"Aucun intérêt à prendre ces protéines"
Ces compléments alimentaires ne sont utiles qu’à quelques haltérophiles de très haut niveau. Et même eux peuvent satisfaire leurs besoins supplémentaires par un moyen très simple : inclure plus de protéines dans leur alimentation. Grâce à une consommation équilibrée de viande, d’œufs ou de légumineuses. "Il n’y a aucun intérêt à prendre ces protéines, soutient le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste. La plupart d’entre nous sommes des sportifs du dimanche. Les sportifs professionnels eux-mêmes n’en abusent pas, ils contrôlent leurs apports en protéines."
Le médecin a déjà soigné un patient possédant un ratio de deux grammes de protéine par kg, quand le taux conseillé se situe entre 0,8 et 1 gramme par kg. Une hérésie, puisque les régimes hyper protéinés forcent les reins à travailler davantage. De quoi poser à terme de graves problèmes de santé.
Les reins sont indispensables : ils éliminent les déchets produits par notre organisme. Une insuffisance, et le poison se répand progressivement dans notre corps, pouvant créer un arrêt cardiaque par accumulation de potassium, un œdème pulmonaire par défaut d’élimination de l’eau ou encore une anémie liée à la baisse de la production d’érythropoïétine (EPO) pour les cas les plus dangereux.
On peut souffrir d’insuffisance rénale sans le savoir
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), dans un avis publié en novembre 2016, invitait les consommateurs de compléments alimentaires à demander conseil auprès d’un professionnel de santé. L’agence déconseillait même la prise de ces produits aux femmes enceintes, aux enfants et aux adolescents.
Il est possible de souffrir d’insuffisance rénale sans le savoir, ou sans que les symptômes (besoin fréquent d’uriner la nuit, perte d’appétit, oedèmes des mains, etc.) n’apparaissent immédiatement. "Les gens qui fréquentent les salles où l’on fait la promotion de ces produits ne sont pas forcément au courant de leurs problèmes rénaux", appuie le Dr Cocaul, qui fustige les endroits où l’on vend des "poudres de perlimpinpin".
"Je contre-indique formellement de prendre ces poudres", poursuit le nutritionniste, car elles "épuisent les reins". Il vaut mieux selon lui boire beaucoup après l’effort, et si celui-ci est intense, se réhydrater avec une boisson isotonique, optimale pour l’absorption de l’eau par l’intestin. Pour la nourriture, l’idéal est de consommer de la viande ou des féculents une demi-heure ou une heure après l’effort.