C'est confirmé, le stress au travail n'est pas bon pour le coeur
On s'en doutait, mais cela vient d'être confirmé par une étude de grande ampleur : le stress au travail accroît le risque d'infarctus. Des chercheurs français de l'Inserm et de l'université de Versailles Saint Quentin ont publié, ce vendredi 14 septembre 2012, une étude dans la revue scientifique The Lancet. Les personnes exposées à un stress professionnel auraient un risque supérieur de 23 % de faire un infarctus par rapport à celles qui subissent moins de pression.
L'étude a été réalisée sur une cohorte de 200 000 personnes originaires de sept pays (Belgique, Danemark, Finlande, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse), toutes en activité professionnelle dans des domaines professionnels différents, et suivies entre 1985 et 2006. En France, ce sont près de 20 000 agents EDF-GDF qui ont été étudiés à partir de 1989.
Le stress au travail a été évalué par des questionnaires portant notamment sur l'excès de travail, les demandes conflictuelles auxquelles les personnes étaient confrontées ou le temps accordé pour accomplir les tâches qui leur étaient confiées.
Selon Marcel Goldberg, chercheur à l'Inserm et co-auteur de cette étude, il existe deux mécanismes expliquant l'incidence du stress sur le risque de survenue d'un infarctus. "Le stress au travail induit des comportements défavorables comme une surconsommation de tabac, d'alcool, une plus faible pratique sportive... autant de comportements à risque pour l'infarctus. Parallèlement à cela, le stress augmente la sécrétion d'adrénaline, de cortisol, et accroît les mécanismes inflammatoires dans le corps, qui peuvent conduire à des infarctus". Ces deux mécanismes agiraient de façon simultanée.
Jusqu'ici, toutes les études portant sur l'incidence du stress dans la survenue de l'infarctus incluaient trop peu d'individus pour que les résultats soient incontestables.
Cette dernière étude réalisée dans sept pays différents, dans des entreprises, des milieux socioprofessionnels, des contextes nationaux et culturels différents (en dehors des facteurs de risque déjà connus, comme le tabac et l'alcool) et qui aboutit aux mêmes résultats, accrédite la thèse de l'effet du stress sur la survenue d'infarctus.
Côté prévention, cela démontre une fois de plus l'utilité de combattre le stress professionnel d'autant que, comme le relève Marcel Goldberg, "sur les 100 à 120 000 infarctus survenant en France chaque année, cela correspondrait tout de même à environ 3 400 à 4 000 accidents imputables à ce facteur de risque".
Sources :
- "Stress au travail et infarctus : un lien confirmé", Inserm, 14 septembre 2012.
- "Job strain as a risk factor for coronary heart disease: a collaborative meta-analysis of individual participant data", The Lancet, Early Online Publication, 14 September 2012, doi:10.1016/S0140-6736(12)60994-5
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