Dopage : des autopsies systématiques en cas de mort subite
L'Académie de médecine a réclamé, dans un rapport publié mercredi 20 juin 2012, des autopsies systématiques pour éclaircir les morts subites de sportifs amateurs sur les terrains ou en salles de sport, face aux suspicions liées au dopage.
"L'Académie demande que tout décès sur un terrain de sport soit obligatoirement suivi d'une autopsie comportant un examen anatomo-pathologique, toxicologique et génétique", indique l'Académie.
Selon le rapporteur, le Dr Patrice Queneau, il s'agit "d'y voir plus clair" sur les causes réelles des morts subites des sportifs amateurs alors que le recours aux produits dopants progresse chez les sportifs du dimanche.
Chaque année en France, 800 sportifs décèdent sur des terrains de sports. Ce sont à 95 % des hommes sans antécédents cardiovasculaires, avec un âge moyen de 46 ans, selon une récente étude de l'Inserm, diffusé en juin 2012, dans le journal Circulation de l'American heart association (AHA).
"Les morts subites liées au sport dans la population générale sont considérablement plus répandues que ce qui était supposé précédemment", selon cette étude citée par l'Académie.
Faute d'autopsie systématique, "78 % de ces accidents restent d'origine indéterminée", déplore l'Académie qui souligne parallèlement que la prévalence du dopage, toujours difficile à déterminer, serait de 5 % à 15 % parmi les sportifs adultes amateurs et de 3 à 5 % chez les mineurs.
Les principaux produits dopants utilisés chez les sportifs non professionnels sont le cannabis, les corticoïdes, les anabolisants, les amphétamines, les hormones de croissance et aussi l'EPO à un niveau plus élevé, énumère Michel Rieu, conseiller scientifique pour l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
M. Rieu qui a participé à l'élaboration du rapport de l'Académie, estime "qu'avoir une autopsie systématique avec un protocole bien cadré permettrait d'abord d'être informé de l'ensemble des morts subites sur les terrains". L'autopsie permettrait surtout de faire la part des choses entre les causes génétiques, les causes liées à des pathologies cachées et la prise de produits dopants, explique cet expert du dopage.
Les membres de l'Académie qui ont voté à l'unanimité ce rapport, préconisent aussi la mise en place d'un "observatoire des accidents et des complications liés au dopage". "La préoccupation de l'Agence mondiale antidopage (AMA) est de combattre la tricherie dans le sport, alors que pour nous le dopage c'est essentiellement un enjeu de santé publique", résume le Dr Queneau
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