Figatellu consommé cru : risque d'hépatite E avéré
Si vous êtes adepte de charcuterie corse, prenez garde : de nombreuses victimes de l'hépatite E se trouvent être de grands consommateurs de figatellu, cette saucisse à base de foie de porc, qui peut s'avérer dangereuse pour la santé si elle est mangée crue.
Le danger de ces saucisses corses n'est pas une information nouvelle : il avait déjà été démontré en avril 2009 par deux médecins marseillais, Philippe Colson et René Gerolami. Mais à l'été 2014, le décès d'un patient marseillais a de nouveau tiré la sonnette d'alarme : atteint d'un lymphome (cancer du système lymphatique), il a succombé après avoir été infecté par le virus de l'hépatite E. L'homme en question, résidant en Corse, était un consommateur habituel d'une spécialité de son pays, le figatellu, qu'il consommait cru.
Ce dernier cas est loin d'être une exception : en effet, 40% des patients souffrant d'une hépatite E en France sont de grands adeptes de la saucisse corse à base de viande et de foie de porc.
Tout aussi alarmant, le pourcentage de ces spécialités corses achetées dans le commerce qui sont porteuses du virus de l'hépatite E : les chercheurs du laboratoire de Timone (à Marseille) parlent de 50% des produits, rapporte La Provence.
Consommé cuit, le figatellu ne comporte aucun danger. En effet, la cuisson va permettre de tuer le virus de l'hépatite E.
L'authenticité des figatelli en question
Il s'avère que le virus de l'hépatite E se retrouve principalement dans le foie de porc, ingrédient principal du figatellu ; or, dans le cas de la dernière victime, il a été établi que le génotype du virus arrivait tout droit de Chine, ce qui signifie de façon claire selon les propos du professeur Didier Raoult que "des foies de porc importés d'Asie entrent dans la composition de certains figatelli corses".
Seulement, une nouvelle fois, le fait établi n'est pas chose nouvelle : 2.000 tonnes de figatelli sont vendues chaque année, ainsi il devient impossible de contrôler tout détournement de l'authenticité du produit, et la qualité d'une spécialité devant en principe rester artisanale n'est plus toujours assurée.
Le président du syndicat des jeunes agriculteurs de Corse rappelle donc qu'il est essentiel de contrôler les produits arrivant sur les ports corses, et également de garantir la transparence pour les consommateurs en rendant lisible la provenance d'un produit qu'ils pensent irréfutablement local.
Pas de traitement contre l'hépatite E
Il s'agit d'une maladie du foie provoquée par le virus de l'hépatite E, généralement transmis par de l'eau de boisson contaminée, mais également par certains aliments contaminés : la plupart du temps, le virus donne lieu à une infection qui va régresser spontanément en quatre à six semaines, mais parfois, il peut faire apparaître une forme fulminante d'hépatite E pouvant entraîner le décès.
Selon les chiffres de l'OMS, environ 20 millions d'infections par le virus de l'hépatite E sont décelées chaque année, dont plus de 56.000 décès ; la maladie est présente dans le monde entier mais surtout en Asie de l'Est.
La période d'incubation est en moyenne de 40 jours, et les symptômes principaux sont les suivants : coloration jaunâtre de la peau, perte d'appétit, hypertrophie du foie qui sera douloureux au toucher, douleurs abdominales, nausées, fièvre.
Chez les personnes à risque (femmes enceintes, personnes présentant un déficit immunitaire), l'hépatite E peut évoluer vers sa forme fulminante qui peut entraîner la mort.
A savoir qu'il n'existe pas de traitement à cette hépatite aigüe, ainsi la meilleure des solutions reste la prévention qui consiste principalement à maintenir une hygiène de vie irréprochable et à rester vigilant sur la nature des boissons et produits alimentaires consommés.
VOIR AUSSI
- Hépatite E : vers la découverte d'un traitement efficace ?, article du 25 février 2011.
- Des saucisses susceptibles de présenter un rique d'hépatite E, article du 27 avril 2011.