Football : un protocole pour les joueurs victimes de commotion cérébrale
Il n'est pas rare que les joueurs de football victimes de commotion cérébrale retrouvent les terrains quelques minutes seulement après l'incident. Une pratique à risque à laquelle la Fédération anglaise de football a décidé de s'attaquer en imposant le remplacement obligatoire du joueur en cas de commotion cérébrale.
Nous avons tous en mémoire le choc violent entre Hugo Lloris, le gardien de but international français, et l'attaquant belge Romelu Lukaku lors d'un match de Premier League, le championnat anglais. Ou plus récemment les images de l'Argentin Javier Mascherano, de l'Uruguayen Alvaro Pereira et de l'Allemand Christoph Kramer lors de la dernière Coupe du monde au Brésil... Des joueurs les yeux dans le vague, titubant puis s'écroulant sur la pelouse après des chocs violents, mais qui n'hésitent pas à reprendre la rencontre malgré les risques encourus.
La Fédération anglaise de football (FA) a donc décidé de s'attaquer aux commotions cérébrales en imposant un remplacement obligatoire d'un joueur qui présenterait des signes de perte de connaissance. Selon le nouveau règlement de FA, "s'il y a eu une période, confirmée ou supposée, de perte de connaissance, le joueur devra sortir de l'aire du jeu et ne sera pas autorisé à y retourner".
Une mesure qui nécessitera par ailleurs la présence à chaque match d'un "tunnel doctor", un médecin situé proche de la pelouse qui aura pour mission d'aider l'encadrement médical des équipes à reconnaître les signes de la commotion cérébrale (troubles du comportement, troubles de la mémoire, de l'équilibre, de la vue, joueur obnubilé…).
La vidéo disponible sur le bord du terrain ou dans les couloirs menant aux vestiaires, pourra également être utilisée "pour clarifier le déroulement des événements", précise le nouveau règlement. Par ailleurs, la fédération anglaise a également obligé les clubs à faire subir à leurs joueurs des tests neuropsychologiques au début de chaque saison. Et un joueur victime d'une commotion ne sera pas autorisé à rejouer avant un délai d'au moins six jours hors des terrains.
Evaluation et prise en charge de la commotion cérébrale
Le football suit donc enfin les traces du rugby qui a mis en place depuis 2012 un protocole commotion. Soucieuses de veiller à la santé des joueurs, les instances avaient instauré un protocole médical afin d'atténuer les risques en cas de commotion cérébrale d'un joueur.
Concrètement, en cas de suspicion de perte de connaissance, le joueur est autorisé à sortir temporairement du terrain (au maximum cinq minutes) afin que le médecin du club évalue son état neurologique. Pour cela, le médecin effectue le test du Tandem (test d'équilibre), il pose des questions au joueur et évalue le score de Maddocks, qui découle de cinq questions (une seule erreur entraînant la sortie du joueur) :
- Dans quel stade sommes-nous ?
- Dans quelle mi-temps sommes-nous ?
- Quelle équipe a marqué en dernier ?
- Contre quelle équipe avons-nous joué le match précédent ?
- Avons-nous gagné le match précédent ?
Toutefois ces évaluations présentent des limites. Les joueurs de rugby ont en effet souligné la possibilité de tricher à des tests de pré-saison. Et par crainte de perdre leur place ou simplement par négligence, les joueurs peuvent masquer leurs commotions. Sans oublier les pressions exercées directement par les dirigeants des équipes qui obligent les joueurs à s'aligner sur le terrain.
Des conséquences à court et long terme
Les conséquences à court et long terme des commotions sur le cerveau sont réelles avec notamment des risques de troubles de l'anxiété, de dépression, de concentration et de mémoire mais aussi des problèmes d'équilibre et d'humeur selon les conclusions de différentes études. Par ailleurs, l'encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une maladie neurodégénérative dont les symptômes ressemblent à ceux de la maladie d'Alzheimer, pourrait également être induite par la répétition des commotions.
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