Les cancers coûtent 126 milliards d'euros par an aux Européens
En 2008, 51 milliards d’euros ont été dépensés dans l’Europe des 27 pour soigner les personnes atteintes d’un cancer. Mais ces dépenses ne représentent que les quatre dixièmes du poids économique de ces maladies : en attribuant une valeur économique aux soins informels prodigués par les proches, ainsi qu’en évaluant les coûts associés aux pertes de productivité et d’emploi, des chercheurs britanniques estiment aujourd’hui le "coût annuel du cancer" à 126 milliards d’euros.
En 2008 - année la plus récente pour laquelle les chiffres sont intégralement disponibles - dans les 27 pays de l'Union européenne, 2,45 millions de personnes étaient diagnostiquées porteuses d'un cancer. Cette même année, 1,23 millions d'Européens sont décédés des suites de ces cancers.
Sur le modèle d'estimations déjà réalisées concernant le poids économique des maladies cardiovasculaires, des chercheurs de l'Université d’Oxford, subventionnés par le laboratoire Pfizer, ont cherché à évaluer le "coût du fardeau" du cancer en Europe.
Pour ce faire, les chercheurs ont, dans un premier temps, estimé la valeur des dépenses de soins, des consultations, des hospitalisations et des traitements, dans chaque pays de l'Union.
Mais le coût financier du cancer, selon les économistes, serait avant tout celui des pertes de revenu liées à la maladie (9,43 milliards d’euros) à additionner aux 42,6 milliards associés à la perte de productivité attribuée aux décès prématurés.
Les chercheurs ont également associé un "coût" au temps passé par les proches auprès du malade. La valeur inestimable de la solidarité est ici cyniquement rapportée au SMIC (23,2 milliards d’euros annuels pour 3 milliards d’heures consacrées à ces soins)…
Selon les auteurs de l'étude, publiée le 14 octobre 2013 dans la revue Lancet Oncology, le cancer coûte ainsi chaque année 126 milliards d'euros (soit 102 euros par citoyen européen).
A titre de comparaison, les maladies cardiovasculaires ont "coûté" 169 milliards d’euros en 2006 (137 euros par citoyen). A noter que la "perte de productivité associée" est proportionnellement plus importante pour les cancers que pour les maladies cardiaques.
L'objectif de ce type de recherches n'est pas simplement la publication de chiffre "choc". L'estimation du "coût réel" d'un fléau (maladies cardiovasculaires, suicide...) pour la collectivité offre surtout un argument de taille, auprès des décideurs politiques, pour le développement de stratégies de prévention et pour le financement de la recherche.
Source : Economic burden of cancer across the European Union: a population-based cost analysis, R. Luengo-Fernandez, J. Leal, A. Gray et R. Sullivan, Lancet Oncology 2013; doi:10.1093/eurheartj/ehi733
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Selon les auteurs de l'étude, près de 15% des "coûts globaux du cancer" sont imputables aux cancers du poumon, pour 18,8 milliards d'euros annuels. Le cancer du sein "couterait" quant à lui 15 milliards d'euros (12%), le cancer colorectal 13,1 milliards (10%) et le cancer de la prostate 8,43 milliards (7%).