Moins de suicides, mais...
Un peu plus d'un an après le lancement de l'Observatoire national du suicide, un premier état des lieux de la situation française a été rendu public le 2 décembre. Le docteur Cécile Omnes, responsable du pôle Psychiatrie au centre hospitalier Charcot (Rambouillet), était sur le plateau du Magazine de la santé pour commenter les chiffres du rapport.
Les chercheurs de l'Observatoire national du suicide estiment qu'en 2011, près de 11.400 décès par suicide sont survenus en France métropolitaine. Les hommes se suicident 3,5 fois plus que les femmes.
Le taux de suicide a diminué de 25 % entre 1990 et 2010 (-14 % entre 2000 et 2010). Une tendance à la baisse qui s'observe également au niveau mondial, selon les chiffres de l'OMS.
Le taux de décès par suicide "augmente fortement avec l'âge", "un tiers de celles et ceux qui se suicident [ayant] plus de 60 ans".
Cependant, la part du suicide dans les causes de mortalité est "nettement plus élevée chez les jeunes" : entre 15 et 24 ans, "le suicide représente 16% du total des décès et constitue la seconde cause de décès après les accidents de la circulation". Au delà de 75 ans, le suicide représente moins de 1% du total des décès.
Chaque année, environ 70.000 personnes sont hospitalisées en France pour une tentative de suicide (hors services de psychiatrie). Les jeunes filles de 15 à 19 ans présentent les taux d'hospitalisation les plus élevés (43 pour 10.000 par an). L'auto-intoxication médicamenteuse constituant le mode opératoire dans huit cas sur dix.
Modes de suicide
En 2011 les modes de suicide les plus fréquents sont les pendaisons (53%), les prises de médicaments et autres substances (14%), les armes à feu (14%), et les sauts d'un lieu élevé (7%).
Toutefois, ces modes de décès "diffèrent sensiblement selon le sexe." Pour les hommes, la pendaison est à l'origine de 58% des suicides et les armes à feu de 17%. Pour les femmes, la pendaison (37%) et la prise de médicaments et autres substances (28%) sont les modes les plus utilisés. Les modes de décès varient également selon les régions : "la pendaison est plus fréquente dans le Nord et l'utilisation d'armes à feu dans le Sud", précise l'Observatoire.
Suicide et inégalités sociales
Selon les données réunies par l'Observatoire, les agriculteurs, les employés et les ouvriers ont un risque de décéder par suicide "deux à trois fois plus élevé que celui des cadres". Les auteurs du rapport final notent que "plusieurs études suggèrent que la crise économique et financière de 2008 se serait traduite par une hausse des suicides et par une dégradation de la santé mentale pour les hommes en âge de travailler dans la plupart des pays concernés".
Les chercheurs notent que "malgré l'intérêt porté aujourd'hui aux risques psychosociaux, il n'existe pas de données fiables en France sur le nombre de suicides survenus sur un lieu de travail".
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