Ondes électromagnétiques et santé : faut-il s'inquiéter ?

Un rapport très alarmiste, appelé Bioinitiative 2012, vient d'être publié sur les dangers des ondes électromagnétiques. Les chercheurs qui avaient déjà rédigé un rapport similaire en 2007, se sont intéressés au danger potentiel de toutes les technologies qui produisent des champs magnétiques ou qui utilisent des radiofréquences. Que vaut vraiment ce rapport ? Les ondes sont-elles si nocives ? Les explications avec David Zavaglia, docteur en biologie cellulaire et moléculaire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Polémique sur les ondes
Polémique sur les ondes

Chronique de David Zavaglia, du 10 janvier 2013
 

Les auteurs de ce rapport ont balayé des centaines d'articles sur les effets des ondes électromagnétiques, mais personne n'a validé leurs conclusions. Il faut donc prendre ces résultats avec des pincettes car ces scientifiques qui sont à la base très "anti-ondes", peuvent mettre en avant les articles qui les arrangent.

Leurs conclusions sont terrifiantes. Les scientifiques affirment clairement que les ondes électromagnétiques endommagent l'ADN, diminuent la fertilité, provoquent tous types de cancers, et seraient même responsables de maladies comme l'autisme ou Alzheimer !

Que faut-il retenir du rapport Bioinitiative 2012 ?

Ce rapport rappelle beaucoup celui du Pr. Gilles-Eric Séralini sur la toxicité des OGM, qui au final avait été démoli par toutes les instances scientifiques. Ce rapport Bioinitiative 2012 manque de modération, même si certains points sont inquiétants.

Prenons le cas des lignes à haute tension. Les suspicions ont commencé il y a longtemps et depuis 2002 le Centre international de recherche sur le cancer a classé ces champs magnétiques de très basse fréquence dans le groupe "peut être cancérogène pour l'homme". Le rapport Bioinitiative affirme, lui, leur dangerosité. Or une méta-analyse récente publiée dans le International Journal of Cancer montre une très légère augmentation de la fréquence des leucémies pour les enfants vivant très près des lignes haute tension.

Le rapport Bioinitiative 2012 affirme par ailleurs que les enfants qui ont eu une leucémie ou sont en phase de rémission ont un taux de survie plus faible s'ils vivent près des lignes haute tension. Or, le Centre international de recherche sur le cancer a publié une étude sur 3.000 enfants dans le Blood Cancer Journal, qui affirme exactement le contraire. C'est-à-dire qu'il n'y a pas plus de rechute et pas de différence de survie.

Comment expliquer ces différences ?

Il faut savoir que si effet il y a, il semble faible. Un article du British Journal of Cancer montrait une légère augmentation du risque de cancer pour les enfants habitant très près des lignes haute tension. Mais à l'échelle de l'Angleterre, le risque attribuable représenterait un cas par an.

Des études plus pointues sont en cours, comme EXPERS menée par l'Inserm. Elle suit 1.000 adultes et 1.000 enfants qui ont accepté de porter en permanence sur eux un capteur qui mesure le champ magnétique toutes les trois secondes. Les participants doivent également remplir des questionnaires sur leurs habitations et leurs déplacements. Les chercheurs pourront ainsi mieux connaître toutes les sources d'exposition, savoir quelles sont les populations les plus à risques, et étudier sur elles d'éventuels effets sanitaires.

Quid des ondes des téléphones portables ?

Bioinitiative affirme que l'usage du téléphone portable augmente gravement la fréquence des cancers. Mais les débats sont loin d'être clos sur le sujet. L'étude la plus importante menée sur l'effet sur la santé des ondes de téléphones portables, Interphone, a été menée dans 13 pays sur plus de 10.000 personnes. Les résultats intermédiaires en 2010 ont été mitigés, avec cependant une suspicion d'augmentation du risque de méningiome et de gliome, des tumeurs du cerveau, chez les utilisateurs passant plus de 30 minutes par jour au téléphone depuis plus de 10 ans.

Une autre étude suédoise publiée en 2011 dans International Journal of Oncology indique également une augmentation du risque de gliome chez les grands utilisateurs de téléphone portable. Résultat en 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les ondes des portables dans le groupe 2B : "peut être cancérogène pour l'homme". Toutefois, malgré ces études, des doutes subsistent encore sur les dangers des ondes des téléphones portables.

Le rapport Bioinitiative 2012 peut-il changer la donne ?

Il est encore un peu tôt pour le dire. Le but des chercheurs de Bioinitiative est de faire baisser les normes en vigueur en matière d'ondes électromagnétiques et de radiofréquences parce qu'ils jugent qu'elles ne protègent pas assez les gens. Mais suite aux articles sur les lignes à haute tension ou à l'étude Interphone, aucune autorité n'a estimé qu'il fallait remettre en cause les valeurs établies par la Commission internationale pour la protection contre les rayonnements. Attendons donc de voir comment elles vont réagir après ce rapport...

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