Sexualité des seniors négligée dans les maisons de retraite
Le manque d'attention portée à la sexualité des personnes âgées vivant dans des maisons de retraites serait généralisé, selon une étude australienne, publiée dans la revue Journal of Ethics, le 25 juin 2012. Cela révèle, selon les auteurs, une attitude conservatrice qui porte atteinte au droit de disposer soi-même de son corps et de sa sexualité.
Le rapport d'étude montre que les personnes âgées ont besoin que le personnel des maisons de retraite prenne en compte leur sexualité car la libido ne disparaît pas avec l'âge.
En majorité, les établissements refusent les rapports intimes entre les résidents par peur des réactions négatives de la famille. La sexualité des personnes âgée reste encore taboue, et dans les cas où les couples se forment dans les institutions spécialisées, la famille peut ne pas accepter le nouveau partenaire d'un parent.
La question du consentement des deux partenaires est également abordée. En effet, en cas de démence, même légère, on peut se demander si le fait de laisser la possibilité aux personnes d'avoir une sexualité libre ne va pas entraîner des abus. Mais, selon l'étude, le taux d'abus sexuels dans les établissements accueillant des malades d'Alzheimer, démence la plus fréquente, serait de 0,3 %, plus faible que le taux avancé pour les autres violences physiques, qui est de 2 à 4 %.
Les observations des spécialistes montrent également que les établissements d'accueil australiens pour personnes âgées sont rarement adaptés à l'intimité : les chambres ne ferment pas à clés et sont meublées de lits simples.
La situation française n'est guère différente. Selon le Pr. Gérard Ribes, psychiatre et sexologue, "le problème des maisons de retraite en France est que l'on est basé sur un système sanitaire. C'est comme si les gens étaient dans un hôpital, alors qu'ils sont chez eux. La difficulté est de faire penser aux équipes soignantes que les chambres des gens correspondent à leurs maisons, à leurs appartements. La chambre est un espace privé."
"On a constaté qu'en moyenne une personne entrait 20 à 30 fois par jour dans une chambre dans une maison de retraite. Du coup, l'intimité n'est plus possible. Il s'agit donc d'un élément extrêmement important. Actuellement il faut apprendre à respecter cette intimité. À partir de là, on pourra travailler la question de la sexualité", ajoute le Pr. Gérard Ribes.
Source : "Dementia, sexuality and consent in residential aged care facilities", Journal of Medical Ethics, 25 juin 2012. Doi:10.1136/medethics-2011-100453
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