Sportifs de l'extrême : qui sont-ils ?
Ils glissent comme des oiseaux entre les parois rocheuses, portés par une combinaison ailée, font le poirier sur le rebord d'un toit ou se jettant d'une falaise. S'il y a encore quelques années les sports extrêmes étaient pratiqués par une poignée d'initiés, désormais, ils sont de plus en plus nombreux à repousser les limites du danger. Mais qui sont ces passionnés de sensations fortes ?
Qui sont ces sportifs de l'extrême ? "Des hommes, pour l'écrasante majorité - pour des raisons d'abord hormonales liées au mélange détonant de la testostérone, hormone masculine, et de la dopamine, celle du plaisir, dans des situations extrêmes - éprouvant un besoin de sensations fortes supérieur à la moyenne", décrit Cécile Martha. Cette chercheuse en psychologie sociale à l'Institut des sciences du mouvement d'Aix-Marseille a suivi pendant un an et demi une quarantaine d'adeptes du Base jump (sur 200 recensés en France). Il s'agit d'une sorte de parachutisme dont les adeptes se jettent d'un pont ou d'une falaise plutôt que d'un avion. À l'issue de ces travaux, Cécile Martha a dressé un portrait-robot pour mieux cerner la personnalité de ces athlètes de l'extrême.
Les traits de caractère des sportifs de l'extrême
Maîtrise de soi. "Ce ne sont pas des impulsifs", poursuit-elle. Ils abordent leur sport de manière très méticuleuse et ceux qui ont le plus d'accidents sont justement les impulsifs". Leur vie est à la merci des reliefs ou d'un coup de vent imprévu.
Échapper à la routine du quotidien. "Le quotidien ne leur donne pas de sensations fortes, d'émotions. Ce n'est pas se confronter à la mort qui les stimule, mais plutôt le désir de se sentir extrêmement vivants. Pour cela, ils ont besoin de se mettre en danger", explique Nicolas Cazenave.
La recherche de sensations toujours plus intenses. "L'équitation, le ski, la gymnastique, la F1, la voile, la moto... comportent à priori un risque mortel", explique Jean Griffet, sociologue spécialiste des sports aquatiques extrêmes comme la plongée en apnée.
Mais le danger y est réduit par des dispositifs (glissières de sécurité, tapis de mousse…) et un apprentissage progressif. "Le sport extrême ne permet pas cet apprentissage. Lorsque vous sautez pour la première fois en Base jump, c'est déjà une activité létale, définie par la loi du tout ou rien".
L'essor des technologies encourage le défi
Leurs exploits sont plus visibles, filmés et diffusés sur le web, comme un défi à une société de plus en plus avide de prise de risque.
Il suffit en effet de passer un moment sur un site de vidéos, comme Epic TV, pour être abreuvé d'images plus spectaculaires les unes que les autres. "On s'affronte par vidéo interposée, donc on augmente les risques, parce qu'une fois que tout le monde a réalisé un exploit, il faut passer à quelque chose de plus risqué", poursuit Nicolas Cazenave, lui-même ancien snowboarder.
D'autant que les technologies en terme de matériel sont de plus en plus accessibles. Le wingsuit, cette combinaison ailée qui se gonfle et permet de voler, a été "démocratisée" après le saut dans l'espace de l'Autrichien Felix Baumgartner, orchestré par la marque autrichienne de boissons énergétiques Red Bull.
Aujourd'hui, sauter en wingsuit est devenu tellement "banal" qu'un Italo-Norvégien de 27 ans, Alexander Polli, a cru bon, pour se démarquer, de passer à 250 km/h dans un trou à peine plus large que son envergure, creusé par l'érosion dans une falaise de Catalogne, après avoir sauté, équipé de son wingsuit, depuis un hélicoptère !
Le risque de mortalité est élevé
"Il y a clairement une inventivité galopante", reprend Nicolas Cazenave. "Et aussi parce que notre société tend à mettre de plus en plus de freins, de protections physiques, de limitations de vitesse, dans la vie tous les jours et dans le sport. Les sportifs de l'extrême recherchent les niches".
Des niches qui mènent parfois au drame. Quatre base-jumpers se sont écrasés dans les Alpes et Pyrénées françaises en août 2014 après s'être jetés dans le vide depuis un sommet. Le base jump et le wingsuit coûtent la vie à une vingtaine de personnes chaque année en moyenne. En mars, la communauté des amateurs d'adrénaline avait été choquée par la mort de trois sportifs expérimentés et réputés, dans les Alpes suisses, le Néo-Zélandais Dan Vicary, l'Américain Brian Drake et le Français Ludovic Woerth.
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