Parents/enfants : nos conseils pour une communication juste et efficace
Bien parler avec un enfant, c'est être à l'écoute de ses émotions et lui donner les bases de la communication. Comment expliquer en rassurant ? Comment trouver le ton juste et les paroles appropriées ? Les réponses d'une psychanalyste.
S'adresser à l'enfant, l'écouter... Si cela paraît aujourd'hui naturel, il y a encore quelques décennies, ce n'était pas le cas. Que ce soit dans la vie quotidienne ou pour des sujets plus graves, on est tous à peu près d’accord, sur l’importance, pour le développement de l’enfant, de lui parler, de ne pas le considérer comme un objet. Ce n'est pas parce qu'il est petit, pas encore adulte, qu'il ne comprend pas et n’a pas besoin de savoir.
L’enfant est devenu quelqu’un.
Disparue il y a 30 ans, Françoise Dolto, psychanalyste a ouvert la voie à de nouvelles relations entre parents et enfants. Dans la foulée d’une Mélanie Klein, d’Anna Freud et Donald Winnicot, elle s’est intéressée tout particulièrement à l’enfant, dès sa naissance. Dans sa célèbre émission "Lorsque l’enfant paraît" (France Inter, 76-78) elle a répondu aux courriers d’auditeurs, surtout des mères, désemparées devant les réactions ou les souffrances de leurs enfants.
Qu'est-ce que la "génération Dolto" ?
S'adresser à l'enfant, l'écouter... Si cela paraît aujourd'hui naturel, il y a encore quelques décennies, ce n'était pas le cas. Que ce soit dans la vie quotidienne ou pour des sujets plus graves, pour Françoise Dolto, tout doit être dit à l'enfant.
Ce que la théorie, mais aussi l’expérience psychanalytique a mis en évidence a été un énorme et étonnant succès. Dolto a su, par un discours simple et concret, le transmettre à des parents qui, eux-mêmes, plus sensibilisés à la psychologie que ne l’étaient leurs propres parents, ont regardé et appréhendé autrement leur enfant.
Cet enfant, qui n’était plus qu’un simple tuyau à nourrir et faire grandir, est devenu un être réceptif, extrêmement sensible et poreux à son environnement, à tous les changements. Un être dont il fallait tenir compte, qui parfois jouait le rôle de symptôme des dysfonctionnements parentaux. Ses pleurs, ses colères, ses refus de se nourrir, ses angoisses de séparation, sont autant d’alertes à décrypter.
C’est en parlant à l’enfant, en lui expliquant cet environnement et ses éventuels changements, en l’interrogeant plus qu’en le grondant, qu’il pourra changer de comportement, et s’apaiser. Dolto avait mis en évidence qu’il n’y avait pas de "caprice" chez le petit enfant, mais un besoin à entendre, une peur à rassurer.
Le message de Dolto est-il toujours bien compris ?
A l'époque, sa vision était révolutionnaire, aujourd'hui, certains lui reprochent d'avoir créé une génération d'enfants rois. Cette parole, que l’on "doit" à l’enfant, est devenue parfois, dans certaines éducations, une avalanche de mots, d’explications, d’implications qui produiront l’effet inverse de celui escompté.
Au lieu de rassurer l’enfant, cette sur-sollicitation, cette interpellation incessante le rendra plus nerveux qu’elle ne l’apaisera. Ce qui n’a pas toujours été bien compris, c’est que tout n’est pas à dire à l’enfant. N’est à lui dire, que ce qui le concerne un tant soit peu, et dont pour autant il n’a pas à voir toutes les explications.
Une crise de couple se gère entre adultes, même s’il est dit à l’enfant qu'effectivement la période est sensible et qu'il n’y est pour rien. Aujourd’hui on voit, ou plutôt on entend des enfants écrasés de mots, à qui on rapporte tout, on montre tout, devant lesquels on parle de tout et que finalement on ne laisse pas tranquille, qu’on ne laisse pas à leur place d’enfant.
Savoir quelle est la place de l’enfant
Les enfants d'aujourd'hui ont plutôt un problème avec l'hypertrophie du moi, je fais ce que je veux quand je veux, un problème avec la frustration et l'autorité... La difficulté du parent est d'élever un enfant, lui apprendre à respecter des espaces qui ne sont pas les siens, à ne pas envahir l’espace intime des parents, certaines conversations ou activités de "grand".
Donner toute sa place à l’enfant ce n’est pas lui laisser prendre toute la place, notamment par la parole. Il est plus rassuré de se savoir encadré, c’est-à-dire autorisé à s’exprimer dans un certain cadre, dans lequel il sera écouté.
Cette parole, qui circule entre parent et enfant, ne doit pas se transformer en principe d’égalité : on n’est pas au même niveau. L’enfant a besoin, pour être confiant, d’être rappelé à sa place d’enfant. Égalité de désir ne veut pas dire à égalité, il faut évidemment maintenir la question générationnelle.