Diabète gestationnel : attention au risque de diabète de type 2 après la grossesse
Après avoir eu un diabète gestationnel, aussi appelé diabète de grossesse, une femme sur 3 risque de développer un diabète de type 2. Une étude britannique rappelle l'intérêt dépistage pour éviter les complications
"Le diabète gestationnel est en hausse constante, il concerne autour de 10% des femmes enceintes, déplore le Jean-Jacques Altman, professeur émérite d'endocrinologie et de diabétologie. "Parmi elles, 1 sur 3 développera un diabète de type 2, notamment si elle a un facteur de risque, comme un parent diabétique, un surpoids ou plus de 35 ans. Le facteur le plus important est le diabète gestationnel !"
Le dépistage est donc un enjeu considérable puisqu'il permet une prise en charge adaptée et d'éviter les complications graves, comme des maladies cardiovasculaires, un pied diabétique, une atteinte des yeux ou des reins.
Des recommandations peu suivies
Une étude britannique tire la sonnette d'alarme dans la revue Primary care Diabetes.
Durant 5 ans, les chercheurs ont suivi 10.868 femmes ayant eu un diabète gestationnel. En moyenne, 3,79 dépistages ont été effectués par femme. Seules 28% ont eu un dépistage dans les 3 mois suivant l'accouchement et moins d'1/4 des femmes (23,87%) a bénéficié d'un dépistage annuel durant 5 ans, conformément aux recommandations. Près de 85% des femmes n'ont été dépistées qu'une fois seulement.
Des résultats qui ne surprennent pas le Pr Altman, qui les estiment similaires en France :
"C'est vraiment une occasion manquée de prendre en charge les patients
à risque, regrette-il. C'est dommage qu'il n'y ait pas de politique de dépistage plus systématique et encore plus de prise en charge."
Le dépistage, pour éviter les complications du diabète
En France, le Collège des gynécologues et obstétriciens de France recommande que le diabète de type 2 soit dépisté lors de la consultation post-natale. Une consultation qui est rarement effectué d'après le Pr Altman, faute de temps.
Le dépistage du diabète de type 2 est ensuite recommandé tous les 1 à 3 ans, en fonction des facteurs de risque, et pendant au moins 25 ans (source : Vidal). Il a longtemps consisté en un examen, appelé hyperglycémie orale provoquée, examen très désagréable qui provoque souvent des vomissements, mais une prise de sang mesurant la glycémie, beaucoup plus simple en pratique, peut aussi être effectuée.
"C'est très important d'être dépistée car que le diabète de type 2 fait le lit de complications, comme l'hypertension, l'AVC, l'infarctus mais aussi le risque d'atteinte rétinienne et rénale, confirme le Pr Altman. De plus, l'enfant risque d'être diabétique car la mère a des gènes du diabète, donc de transmette la prédisposition. Et si elle est en surpoids et mange mal, elles risque de transmettre les mauvaises habitudes alimentaires. Donc nous encourageons beaucoup à manger équilibré, autrement dit pas trop, pas trop gras, pas trop sucré ni pas trop salé, et à pratiquer une activité physique."
Le suivi du diabète par un diabétologue est indispensable pour s'assurer que la glycémie est bien contrôlée, et éventuellement mettre en place un traitement si les règles d'hygiène de vie ne suffisent pas.