Vrai ou faux : L'infarctus du myocarde, une maladie d'hommes ? La dépression, une affaire de femmes ?
En matière de santé, les préjugés liés au genre sont nombreux et susceptibles d'entraver le recours aux soins et l'accès à une prise en charge adaptée.
"La soi-disant « nature » des femmes, les représentations qu'on en a faites de créatures faibles, ont longtemps imprégné la médecine", affirme la neurobiologiste Catherine Vidal.
Pour le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes français, elle a écrit un rapport sur le sujet, sorti l'an dernier: "Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique".
Des préjugés chez les soignants
Elle y explique que, chez les malades tout d'abord, les codes sociaux liés aux genres féminin et masculin influencent l'expression des symptômes, le rapport au corps, le recours aux soins.
Chez les personnels soignants, les préjugés liés au genre sont par ailleurs susceptibles de jouer sur l'interprétation des signes cliniques et la prise en charge des pathologies.
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La dépression masculine
A titre d’exemple, les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux maladies cardiovasculaires : 56% en meurent contre 46% des hommes. Or, l'infarctus du myocarde est encore sous-diagnostiqué chez les femmes car considéré à tort comme une maladie d'hommes stressés au travail.
De l’autre côté du spectre, on a longtemps pensé que la dépression était une maladie touchant particulièrement les femmes en raison des hormones féminines.
Si les femmes souffrent certes en moyenne deux fois plus de dépression que les hommes, des recherches ont montré que cette différence entre les sexes varie en fonction de l'environnement socio-économique.
Les femmes négligent leur santé
D'autres maladies, qui relèvent de la santé sexuelle et reproductive des femmes, sont aussi mal prises en compte. Ainsi l'endométriose, désormais reconnue, a longtemps été sous-diagnostiquée, notamment parce qu'elle renvoyait au tabou des règles.
Les retards de prises en charge ou de dépistage sont parfois liés aux femmes elles-mêmes. En France, une enquête a montré qu'elles appellent le Samu en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes, dans des cas d'infarctus. Ce qui accroît les risques de séquelles ou d'une moins bonne prise en charge.
"Elles se sentent moins concernées par leur santé, elles la font d'ailleurs souvent passer après leur famille ou leur travail", regrette la cardiologue Claire Mounier-Vehier. "Dans huit cas sur dix, on pourrait éviter la maladie par le dépistage."
Sensibilisation des professionnels de santé
Les signes annonciateurs sont parfois différents, plus sournois quand il s'agit des femmes, comme une fatigue persistante ou des troubles digestifs. Là encore, "si le professionnel de santé n'est pas sensibilisé, on peut redouter une erreur diagnostique", met en garde Claire Mounier-Vehier.
"Il faut arrêter de croire que quand un homme s'effondre il fait un arrêt cardiaque, mais que, quand c'est une femme, c'est un malaise vagal."