Dioxyde de titane dans les médicaments : quels risques pour la santé ?

Si le dioxyde de titane est interdit en Europe depuis 2022 dans l’alimentaire, vous le trouvez dans vos peintures, dans vos crèmes solaires, mais aussi matin et soir dans votre dentifrice, et même dans vos médicaments. 

Plus de 4 000 médicaments en contiennent

Claire est insomniaque depuis des années. Il y a quelques mois, elle a commencé à prendre un médicament pour l’aider à s’endormir. "Il y a deux ou trois mois, je me suis rendue compte qu'il y avait du dioxyde de titane. Or, j'ai entendu aux informations qu'on soupçonne que ça pourrait être cancérigène. Etant donné que j'en prends tous les soirs depuis quand même quelques mois, ça m’inquiète un petit peu", explique-t-elle.

Dans sa pharmacie, ce n’est pas le seul médicament qui en contient. En 2017, UFC-Que Choisir avait répertorié plus de 4 000 médicaments qui contenaient des nanoparticules de dioxyde de titane.

Rendre les médicaments blancs et brillants

"En ce qui concerne le dioxyde de titane alimentaire, ce sont ses propriétés blanches et opacifiantes qui sont intéressantes dans le sens où elles permettent d'accrocher une couleur dessus tout en utilisant très peu de produits et donner un effet parfait", détaille Eric Houdeau, directeur de recherche à l'INRAE.

Si le dioxyde de titane a été interdit dans l’alimentation, c’est notamment parce que des études ont montré des lésions précancéreuses dans des colons de rats. Après des années à avoir étudié ses effets sur des cellules in vitro d’intestin, cette équipe a décidé de s’intéresser à la bouche. Elle a démontré que le dioxyde de titane y causerait aussi des dommages. 

Des effets génotoxiques possibles

"Le dioxyde de titane a la réputation d'être génotoxique, avec un effet toxique sur l'ADN. Il exerce cet effet de génotoxicité sur des cellules en prolifération. Ce sont simplement les cellules qui renouvellent l'épithélium qui tapissent toute la cavité ORL, ce qui est important pour une barrière biologique comme la bouche. Cela peut avoir des conséquences sur des processus de réparation, de cicatrisation au niveau de la bouche à condition d'être fortement exposé et de façon chronique", poursuit Eric Houdeau.

Ces effets ont été observés uniquement en laboratoire. Les études dans la population réelle sont très difficiles à mener, car le dioxyde de titane n’est pas la seule substance dangereuse rencontrée. 

Pour le LEEM, l'organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France, il n'y a pas de problèmes. Ils se retranchent derrière la dernière évaluation de l’agence européenne du médicament en 2021.

Quelles alternatives au dioxyde de titane ?

"Compte tenu des quantités utilisées dans la fabrication d'un médicament et en général du nombre de médicaments qui sont consommés, le risque est très faible, c'est ce qu'ont conclu les autorités compétentes au niveau européen", précise Thomas Borel, directeur scientifique du LEEM.

Malgré tout, certaines entreprises réfléchissent déjà à des alternatives. Des tests ont été faits avec d'autres substances : l'amidon, des chlorures de calcium et bien d'autres sont aujourd'hui testés par les entreprises du médicament.

Le changement prendra plusieurs années. En attendant, l’agence européenne du médicament devrait statuer à nouveau sur l’utilisation du dioxyde de titane dans les médicaments en 2024.

Pour en savoir plus : Avec Veillenanos, l'association AVICENN promeut davantage de transparence et de vigilance dans le domaine des nanoparticules, dont celles de dioxyde de titane.