Glaucome : les dessous de l'opération
Lorsque la tension de l'oeil est trop forte et que les traitements deviennent inefficaces, l’opération du glaucome est nécessaire. Si elle ralentit la perte des fibres nerveuses rétiniennes, elle ne permet pas d’améliorer la vue.
Depuis 30 ans, Simone est suivie pour un glaucome chronique. Jusqu’à présent, les traitements étaient efficaces, mais depuis quelques semaines, son œil droit la gêne.
"C’est plus gênant que douloureux. Je sens que mon oeil n'est pas clair, je vous vois très bien mais trouble", explique Simone Muller, 88 ans.
Une pression trop élevée
Pour éviter que cette gêne s’aggrave et diminue sa vue, Simone doit se faire opérer, car ses traitements ne suffisent plus.
"Depuis quelques semaines, elle a une montée brutale de sa pression intraoculaire avec des tensions qu’on n'arrive pas du tout à contrôler. Elle est sous traitement maximal et malgré tout ça, elle garde des tensions autour de 38 millimètres de mercure et normalement ça devrait être en-dessous de 21 millimètres de mercure", commente la Dr Jade Luzu, chirurgienne ophtalmologue au CHNO des Quinze-Vingts.
Si la tension est haute, c’est à cause de l’humeur aqueuse qui s’évacue mal de l’œil de Simone. Alors pour que ce liquide s’évacue de nouveau et que la tension redescende, l’ophtalmologue va créer une ouverture.
Créer une ouverture dans l'oeil
L’intervention se fait sous anesthésie locale. "On va ouvrir la conjonctive, la décoller pour libérer de l’espace où va ensuite s’écouler l’humeur aqueuse, l’eau à l’intérieur de l’œil", détaille la Dr Jade Luzu.
Petit à petit, elle crée l’espace et travaille de plus en plus en profondeur. Mais elle est confrontée à un élément inattendu, la cornée de la patiente, très fragile, se perfore au niveau d'un tissu, le trabeculum, libérant l’iris !
"On aurait préféré qu’il n’y ait pas de perforation, mais, comme elle était là, du coup, ça a ouvert la chambre intérieure", confie la Dr Jade Luzu. Il s'agit de l'espace entre l’iris et la surface la plus interne de la cornée.
L’ophtalmologue change de technique, son métier est de s’adapter. Elle se sert donc de la perforation pour créer une ouverture.
Elle va couper un petit bout d’iris, qui est la partie bleue de l’œil, qui sort à travers le trabeculum. Cette coupe n’aura aucun impact sur la vision de Simone et va permettre à l’humeur aqueuse de s’évacuer.
Vérifier qu'il n'y a pas de fuite
Le médecin peut maintenant refermer l'espace créé. Elle injecte de l’eau dans l’œil pour vérifier l’étanchéité de la chambre antérieure. Remplie d’humeur aqueuse, elle joue un rôle majeur dans le maintien d’une bonne santé oculaire.
"La chambre antérieure tient, il y a une filtration qui est suffisante donc on referme la conjonctive", conclut la Dr Jade Luzu.
Il faut enfin vérifier que la conjonctive est bien étanche, qu'il n'y a pas de fuite, et l’opération est terminée. Simone va pouvoir sortir d’ici quelques heures. Elle reviendra dès le lendemain pour contrôler la tension de son œil et devra suivre un traitement d’antibiotiques et d’anti-inflammatoires pendant plusieurs semaines.