Comment renforcer le microbiote des bébés nés par césarienne ?
À l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) à Paris, une équipe de médecins vient de lancer une étude sur plus de 100 nourrissons. Objectif : compenser le déséquilibre de richesse de la flore intestinale dès la naissance.
Délicatement, le Dr Jacques Nizard, gynécologue-obstétricien, glisse un écouvillon, une sorte de coton-tige, dans la bouche d’un nourrisson. "Cet écouvillon contient un prélèvement fait chez la maman au niveau du vagin et du périnée pour récolter des germes". Pendant une minute, la petite fille tète tout doucement ce cocktail de bactéries.
Un microbiote plus riche pour les enfants nés par voie naturelle
Ce bébé n'a pas pu récolter naturellement ce mélange. Elle est née par césarienne. Son microbiote, un écosystème de bactéries présent dans nos intestins, est en effet moins riche que celui des bébés nés par voie naturelle. Pendant un an, médecins et chercheurs vont suivre le développement du microbiote de la petite fille.
Comme elle, plus d'une centaine de nourrissons participent à cette étude clinique. Objectif : voir si un écouvillon peut se substituer à la transmission naturelle des bactéries. Le microbiote, un écosystème riche de 100.000 milliards de bactéries, est indispensable à notre bonne santé.
Des bactéries qui renforcent notre système immunitaire
Le Pr Karine Clément, directrice de l’Institut de Cardiométabolisme et de Nutrition à Paris, explique : "Sans bactérie, on ne pourrait pas vivre. Elles sont essentielles sur beaucoup de facteurs comme le système immunitaire et sa maturation. Quand on est petit, on n'a pas un système immunitaire mature. Grâce aux bactéries qui vont petit à petit coloniser notre intestin, notre système immunitaire va se maturer et on va se défendre des infections".
Grâce au microbiote, les scientifiques ont ainsi découvert qu'après une césarienne, un enfant a davantage de risques de développer des allergies, de l'asthme, d'avoir du diabète et même de devenir obèse. Tout l'enjeu de la recherche est désormais de comprendre les mécanismes précis du fonctionnement de ce microbiote. L'espoir à terme est de pouvoir l'utiliser pour lutter contre certaines maladies.