Tête plate : les bébés doivent quand même dormir sur le dos
La Haute Autorité de Santé réaffirme l’importance de coucher le bébé sur le dos pour réduire le risque de mort subite. Encourager ses mouvements de cou permettra de limiter le phénomène de tête plate.
Laisser bouger un bébé quand il est éveillé, le stimuler, ne pas l'immobiliser avec un cale-tête ou dans un siège-coque… Autant de conseils pour prévenir la tête plate, ou plagiocéphalie, selon la Haute Autorité de Santé (HAS).
Dans ses nouvelles recommandations qu’elle publie le 5 mars 2020 avec le Conseil Nationale professionnel de pédiatrie (CNPP), la HAS rappelle que malgré le risque de la tête plate, il est primordial de coucher les bébés sur le dos pour prévenir la mort inattendue du nourrisson.
Ne plus faire dormir bébé sur le ventre
"Depuis les années 90, cette recommandation a permis de réduire ce risque de 76%" rappelle la HAS dans un communiqué. En effet, le principal facteur de risque de mort subite est le couchage ventral : faire dormir le bébé sur le ventre multiplie par cinq les risques de mort inattendue du nourrisson, avertit le professeur Hugues Patural, pédiatre au CHU de Saint-Etienne et membre du CNPP. De "300 à 400 bébés meurent de façon inattendue en France tous les ans" parmi eux, une centaine en raison de leur positionnement.
Mais, et c'est une source d'inquiétudes pour les parents, cette position peut provoquer des plagiocéphalies, ces déformations du crâne liées à la position du bébé.
Aucun risque sur le développement de l’enfant
Faut-il pour autant s’inquiéter de ces déformations ? A priori, non. "La bonne nouvelle des études qui ont été faites c’est qu'il n’y a pas de retentissement sur le développement de l’enfant" assure le docteur Pierre Gabach de la HAS.
Les données scientifiques montrent notamment qu'il n'y a pas de lien de cause à effet entre une plagiocéphalie et un retard neurodéveloppemental, des troubles spécifiques ophtalmologiques, oculomoteurs ou vestibulaires comme des vertiges.
Dans la plupart des cas, "c’est bénin" et les déformations disparaissent naturellement vers l’âge de deux ans "grâce à la mobilité spontanée du bébé qu'il faut préserver", assurent les spécialistes à l’origine des recommandations.
Encourager les mouvements de tête
Et cette question de la mobilité est primordiale. En pratique, la HAS recommande aux parents de laisser leur nourrisson libre de ses mouvements notamment pour que son cou soit mobile - y compris sur le ventre lorsqu'il est éveillé et à condition qu'il soit surveillé.
Elle préconise également de varier les postures du bébé, de l'encourager à tourner la tête spontanément en le sollicitant par le toucher, la vue ou par la voix ou des sons.
Quand il est éveillé, installez-le sur un tapis ferme au sol avec des jouets répartis autour de lui. Mais évitez les arches de jeu et les mobiles qui vont fixer son attention en un endroit unique.
Enfin, attention aux "effets délétères des cale-tête, des sièges-coques et des coussins anti-tête-plate, objets qui se sont multipliés dans l'environnement des bébés et qui les empêchent de bouger librement."
Gare aux attitudes néfastes
Le Pr Patural déplore quant à lui un problème sociétal. Il observe en effet une "tendance à moins s'occuper du bébé, à moins l'observer, à moins le regarder, à moins le prendre dans les bras" et des habitudes très néfastes comme, par exemple "des balançoires ou balancelles qui vont se mettre à bercer le bébé dès qu’il se met à pleurer pendant que papa et maman continuent à jouer à la PlayStation ou à autre chose".
"On est sur ce type de problématique sociale où effectivement le portage du bébé n’est pas valorisé, le soin apporté à développer la sensorialité de son bébé n'est pas assez soutenu". Pour lui, "les messages de tous les professionnels doivent être clairs et nets" à ce sujet.
L’ostéopathie n’est pas recommandée
Et si le bébé peine à bouger sa tête, que faire ? Consulter un médecin qui pourra prescrire des soins de kinésithérapie au plus tôt quand l'enfant a des difficultés à bouger son cou, par exemple à cause d’un torticolis conseille la HAS. Mais attention à l'ostéopathie qui, au vu des données scientifiques actuelles, n’est pas recommandée.
En l'absence d'amélioration après une prise en charge adaptée, une orientation précoce (fin du premier semestre) par le médecin vers un centre compétent est recommandée.