Comment faire un bébé quand on est une femme seule ?
De plus en plus de femmes seules souhaitent recourir à la PMA pour avoir un enfant. Est-il difficile d'avoir un enfant quand on est mère célibataire ? Quelles sont les techniques de PMA pour les femmes seules en France ? Comment en bénéficier et que dit la loi ? Les explications avec le Dr Frédéric Lamazou, gynécologue-obstétricien.
De plus en plus femmes seules consultent des cabinets de gynécologie pour s'informer sur le sujet. Un sujet particulièrement complexe pour lequel une vraie réflexion doit être menée. Il y aura peut-être une modification de la loi concernant cette situation dans le cadre de la révision des lois de bioéthique en novembre prochaine.
Pourquoi des femmes veulent faire un bébé toute seule ?
Plusieurs cas de figure peuvent expliquer cette volonté d'avoir un bébé toute seule :
- un contexte émotionnel difficile, comme une rupture, où la patiente se sent blessée et se dit qu'elle ne veut plus d'homme et veut faire son bébé toute seule.
- une patiente qui a la quarantaine et qui panique sur son horloge biologique, avec des tableaux variés comme : la working girl qui ne s'est pas vue vieillir, la divorcée d'un homme qui ne voulait pas d'enfant...
- la volonté inconsciente de combler un vide. Par exemple, une femme qui était fusionnelle avec un parent qui disparaît et qui avait construit sa vie autour de l'autre voudra récréer le besoin qu'on avait d'elle. Souvent, la femme réalise qu'il vaut mieux finalement commencer par réorganiser sa vie et éventuellement rencontrer quelqu'un pour faire ce bébé.
- une femme qui veut juste un bébé sans idée derrière.
La loi française n'autorise pas la PMA pour les femmes seules
Il est important de prendre conscience de la raison qui anime le désir d'enfant. C'est vrai pour tout le monde mais encore plus quand on est seule car il ne faut jamais sous-estimer ce qu'est le quotidien d'une mère célibataire. Elever un enfant à deux n'est déjà pas facile, alors quand on est seule, cela peut vite devenir compliqué. On ne peut pas éclipser le versant humain. C'est la raison pour laquelle il faut bien en discuter avec un psychologue spécialisé.
Une fois la porte du cabinet refermée, le désir d'enfant ne s'envole pas pour autant... Ces femmes vont se débrouiller toutes seules, avec le bouche à oreille et sur Internet.
Quelles solutions pour les femmes célibataires ?
Certaines femmes seules ont recours à des donneurs de sperme. Via des sites Internet, elles sont mises en relation avec des "donneurs de sperme" qui vont coucher avec elles. Mais d'un point de vue médical, le recours à un donneur de sperme est une catastrophe sanitaire notamment en raison du risque de transmission de chlamydia, de papillomavirus... Car ces bactéries et ces virus sont responsables d'IST avec parfois des conséquences graves sur la fertilité.
D'autres femmes achètent des paillettes de sperme à l'étranger. Il suffit de commander ces paillettes sur un site et elles sont envoyées par la poste. Cette pratique est aussi très dangereuse. Il y a d'ailleurs eu un accident grave en 2017 à la suite d'une rupture de la chaîne du froid de la paillette de sperme. Il peut y avoir des septicémies et décès de la patiente.
Enfin, des femmes n'hésitent pas à se rendre à l'étranger, dans des pays où la PMA est autorisée pour les femmes seules. Dans ce cas, il n'y a aucun problème du point de vue médical. On se trouve dans un circuit médical avec une sécurité sanitaire équivalente à celle qu'on a en France avec des inséminations ou des FIV gérées par des cliniques. En revanche, se rendre à l'étranger pour une PMA coûte cher...
Conséquence de cette situation, une médecine à deux vitesses s'instaure pour les femmes seules avec désir d'enfant. Si elles en ont les moyens, elles peuvent envisager des préservations de la fertilité et des PMA. Sinon, elles n'ont pas d'autre choix que de recourir à une insémination artisanale avec des risques sanitaires importants.
Pourquoi la PMA pour femme seule n'est pas autorisée en France ?
La PMA pour femmes célibataires est interdite en France tout d'abord parce qu'il ne faudrait pas que cette mise en oeuvre fragilise le système de santé français, notamment d'assurance sociale ou de couverture maladie. La question de la prise en charge financière doit donc être sérieusement étudiée.
D'un point de vue moral, l'Espagne ou d'autres pays font figure d'eldorado en Europe pour la procréation médicalement assistée. Toutes les femmes, de 18 à 50 ans, peuvent bénéficier de ces traitements à condition d'en avoir les moyens. Il faut compter de 600 à 1.500 euros l'insémination de sperme, de 4.000 à 7.000 euros la FIV et jusqu'à 8.000 euros avec un don d'ovocyte. Il serait donc souhaitable que la loi change en France afin d'éviter cette médecine à deux vitesses.